Comprendre la violence basée sur le genre dans le contexte de la conservation

Ce document est numéro 4 de la série de breifings Transformer la Conservation: du conflit à la justice
Ce document d’information a pour objectif de mieux faire comprendre les causes profondes et les facteurs déclencheurs de la violence basée sur le genre dans le contexte de la conservation et plus particulièrement des initiatives de conservation imposées ou externes.
Cette note sur le rapport entre la violence basée sur le genre (VBG) et la conservation s’intéresse plus particulièrement aux actions de conservation imposées ou externes. Elle s’appuie sur des recherches, des études de cas et des témoignages existants afin d’explorer comment la VBG se manifeste, est utilisée ou exacerbée dans le cadre des initiatives de conservation. Le document se poursuit par un aperçu des solutions permettant de transformer les approches appliquées à la conservation afin de mettre un terme à la violence basée sur le genre, mais également de permettre la guérison des personnes touchées et la création d’espaces plus sûrs. Les femmes et les filles autochtones, mais aussi les femmes et les filles des communautés locales...toutes subissent et sont régulièrement visées par ces formes de violence qui résultent de discriminations multiples et cumulées basées sur leurs identités en tant que personnes du sexe féminin et autochtones, issues d’une minorité et/ou marginalisées au sein de structures de pouvoir comme le patriarcat. Ce document n’a pas vocation à formuler des orientations sur la façon de lutter contre la VBG dans le contexte de la conservation, mais plutôt à démontrer l’ampleur, la portée et la nature systémique ou institutionnalisée du problème, ainsi qu’à souligner l’importance d’empêcher d’autres cas de VBG dans le contexte de la conservation tout en apportant un appui à l’exercice de la justice et du processus de guérison pour les personnes touchées
Lire le rapport en : français, anglais, español
Le lien entre la VBG et les crises environnementales est de mieux en mieux compris La recherche s’est principalement intéressée aux façons dont le changement climatique et la dégradation de l’environnement ont entraîné une hausse de la VBG par le biais d’une hausse des inégalités de genre qui se sont notamment manifestées par des taux plus élevés de mariage d’enfant et de violence conjugale ; à la façon dont la VBG nuit à la participation des femmes en matière de gouvernance environnementale ; et à la façon dont les femmes défenseurs des droits de l’homme en matière d’environnement subissent des VBG en raison de leurs actions. À ce jour, peu de recherches se sont toutefois penchées sur le lien entre la VBG et la conservation même si l’on sait (quoique cela reste anecdotique) que la VBG est une tactique utilisée par les responsables de projets de conservation d’exclusion pour intimider, diviser et déposséder les communautés, donnant lieu à de nombreuses violations des droits fondamentaux.
Aucune issue à la VBG dans le contexte de la conservation ne pourra être trouvée tant que l’on ne comprendra pas mieux comment celle-ci est exercée, quels sont ses facteurs déclencheurs et quelles sont ses conséquences à travers les voix et les récits des survivantes et de tous ceux qui ont été touchés. Jusqu’à présent, les agences de conservation se sont en majorité penchées sur la VBG en tant que menace à la mise en œuvre et à l’impact des projets.4 Cette note d’information aborde la VBG plutôt comme le symptôme d’un déséquilibre de pouvoir inhérent à la plupart des politiques et pratiques de conservation ainsi que comme un outil pour faire perdurer ces déséquilibres.
L’objectif ici est de mieux comprendre le rapport entre la VBG et la conservation, une première étape nécessaire à l’éradication de la VBG liée à la conservation. Comme la plupart des autres violations des droits fondamentaux perpétrées au nom de la conservation et qui sont de plus en plus admises et reconnues, la VBG exerce des violences sur les corps des femmes pour fragiliser la cohésion et le bien-être des communautés, ce qui nuit en retour à l’autodétermination des Peuples autochtones ainsi qu’à la gouvernance environnementale collective par les Peuples autochtones et les communautés locales. Pour encourager l’exercice des droits individuels et collectifs, il est donc primordial d’empêcher que des actes de VBG se reproduisent à l’avenir, de réclamer justice et de chercher à guérir des actes commis par le passé
Points clés
1. Les déséquilibres de pouvoir inhérents aux régimes de conservation d’exclusion sont susceptibles de créer, de favoriser et d’aggraver les VBG
2. La discrimination contre les Peuples autochtones ou les minorités, y compris la discrimination croisée subie par les femmes issues de ces groupes, peut entraîner des VBG et nuire au jugement des agresseurs pour leurs actes.
3. Les survivantes ont souvent beaucoup de difficultés à obtenir justice.
4. L’absence de considération du genre dans l’élaboration des programmes de conservation peut provoquer des VBG.
5. La fragilisation du lien entre les peuples ou les communautés et leurs territoires traditionnels du fait des programmes de conservation, peut entraîner une hausse de la VBG commise contre ces communautés, mais aussi en leur sein.
À propos de cette série de publications
En 2003, à l’occasion du 5e Congrès mondial sur les parcs à Durban, les acteurs de la conservation ont pris l’engagement de restituer aux peuples autochtones des terres qui avaient été converties en aires protégées sans leur consentement, et de n’établir de nouvelles aires protégées qu’avec leur participation et leur consentement pleins et entiers. Ces engagements n’ont pas été respectés. Cette publication fait partie d’une série de notes d’informations proposant des études de cas, des témoignages, des recherches et des analyses de FPP et ses partenaires qui examinent l’état actuel des relations entre la conservation et les peuples autochtones, et les communautés locales avec des liens collectifs à leurs terres. Elle présente les difficultés et les injustices relatives aux activités de conservation, des solutions pratiques et positives pour la préservation des terres et des écosystèmes, pilotées directement par des peuples autochtones et des communautés locales, ainsi qu’une réflexion plus générale sur la conservation juste et équitable.
Overview
- Resource Type:
- Briefing Papers
- Publication date:
- 23 April 2024
- Region:
- Democratic Republic of Congo (DRC) Uganda Bangladesh
- Programmes:
- Conservation and human rights Territorial Governance Culture and Knowledge