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Cameroun: Plateforme des peuples autochtones, Gbabandi, exige les excuses publiques du WWF et la restitution des terres coutumières

Indigenous participants at Gbabandi

La plateforme nationale des peuples autochtones des forêts du Cameroun "Gbabandi" publie une déclaration sur les violations des droits de l'homme liées aux opérations du WWF au Cameroun

Le 28 et 29 décembre 2020, la plateforme Gbabandi s'est réunie à Abong Mbang, dans la région l’Est Cameroun, pour discuter du rapport d'enquête indépendant récemment publié sur les violations des droits de l'homme liées au WWF dans le cadre de la gestion des aires protégées.

Le rapport indépendant de 160 pages s'est concentré sur certaines aires protégées gérées ou soutenues par le WWF dans 6 pays – le Cameroun, la République du Congo, la RDC, la République centrafricaine, le Népal et l’Inde. Ledit rapport a révélé des problèmes systémiques entraînant des violences et des abus, étayés par la négation des droits traditionnels et coutumiers sur les terres.

Au Cameroun, les aires protégées ont longtemps été créées sans égard, ou presque, pour les droits coutumiers des peuples autochtones et des communautés locales sur leurs terres et leurs ressources naturelles. Il en a résulté l’exclusion des peuples autochtones et des communautés locales de leurs terres, en violation des obligations de la République du Cameroun en vertu du droit international relatif aux droits humains, ainsi que d’autres violations importantes (telles que les violences physiques infligées par les écogardes).

La position par défaut dans une aire protégée, c’est que l’utilisation et l’accès par les communautés locales ne sont pas permis et les restrictions à l’accès sont appliquées par les écogardes qui patrouillent les parcs nationaux et les réserves fauniques. Depuis des dizaines d’années, de nombreux cas d'abus, y compris de graves agressions physiques, commis par les écogardes à l’endroit de membres des communautés qui tentaient d’utiliser leurs ressources coutumières ont été documentés.

En ce qui concerne le Cameroun, le rapport indépendant a constaté que :

  • Le WWF a continué à fournir un soutien financier, technique et matériel aux écogardes, bien qu'il ait été informé d'allégations de violations des droits de l'homme dès 2008 et à plusieurs reprises depuis lors ;
  • Le WWF n'a pas pris les mesures adéquates pour prévenir, enquêter et remédier aux allégations de violations des droits de l'homme commises par les écogardes qu'il a financées et soutenues ;
  • Le WWF n'a pas défendu les droits des peuples autochtones.

Aujourd'hui, la plateforme Gbabandi publie une note de position sur les conclusions du rapport indépendant et l'avenir de la conservation au Cameroun.

 

Un membre de la plateforme a déclaré à Abong Mbang que : « Le mal commis par le WWF est perceptible. Nous voulons impérativement avoir une discussion franche avec la Direction du WWF au Cameroun. Et que la conservation dans le futur respecte les droits de l'homme, car les animaux sont plus aimés et respectés que nous les peuples autochtones. ».

 

Dans sa note de position, Gbabandi recommande au WWF :

  • Que le WWF publie une lettre d'excuses adressée aux communautés autochtones en 2021 pour réparation du préjudice moral commis aux peuples autochtones des forêts du Cameroun par son incapacité d’adresser les violations des droits de l'homme liées à son travail de conservation.
  • Qu’une procédure effective et immédiate de restitution des terres coutumières des peuples autochtones ayant été arbitrairement intégrées dans les espaces d’aires protégées soit déclenchée sous la diligence de WWF.
  • Que le WWF reconnaisse la véritable valeur de l'identité des peuples autochtones en tant que gardiens de la forêt et que le rôle des peuples autochtones dans la conservation contribue à la perpétuation de leurs connaissances traditionnelles.
  • Qu’une enquête approfondie et indépendante sur les abus de droits de l’homme dans toutes les aires protégées ou le WWF opère au Cameroun, soit menée en vue de la réparation des préjudices commis aux communautés.
  • Que le WWF reconnaisse et exige explicitement que le consentement libre, informé et préalable (CLIP) soit un principe inviolable dans tous les projets de conservation impliquant des peuples autochtones.

Gbabandi

La plateforme Gbabandi comble un fossé qu’aucune autre plateforme de la société civile ou ONG nationale n’offre aux peuples autochtones des forêts – la représentation directe et le plaidoyer réalisé par les peuples autochtones forestiers eux-mêmes. Les organisations autochtones membres se trouvent partout dans les zones forestières des régions du Sud et de l’Est, représentant à la fois les peuples Baka et Bagyeli, et chacune d’elles entretient des liens avec les communautés locales Baka et Bagyeli de sa zone d’opération. On estime que plus de 100 communautés autochtones ont des liens avec la plateforme par le biais de ces différentes organisations membres, et ce nombre continu d’augmenter.

Twitter : @gbabandi

Overview

Resource Type:
Declarations
Publication date:
6 January 2021
Region:
Cameroon
Programmes:
Territorial Governance Culture and Knowledge Conservation and human rights

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