Dans l'Amazone péruvien, des projets gigantesques menacent les territoires amazones et violent les droits des peuples autochtones: le cas de Flor De Ucayali (Pérou)
A travers le Bassin amazonien, les peuples autochtones sont menacés par de grands projets de barrages, de routes et de génération d'électricité prévus par l'initiative controversée soutenue par la Banque interaméricaine de développement (BID) appelée "Initiative pour l'intégration de l'infrastructure régionale d'Amérique du sud" (Initiative for the Integration of the Regional Infrastructure of South America) (IIRSA). Toutefois, ces plans sont définis à huis clos, avec une participation publique très limitée ; les dernières informations publiques remontent souvent à 2004 ! Ce bulletin examine des propositions alarmantes effectuées dans le cadre de l'initiative IIRSA, qui menacent le territoire Shipibo et les peuples autochtones vivant volontairement isolés dans l'Amazone péruvien.
Dans l'Amazone péruvien, de nombreux territoires de communautés autochtones continuent à être touchés par les projets imposés par les industries extractives (bois, pétrole, gaz). De plus, les peuples autochtones et leurs terres sont de plus en plus souvent touchés par les propositions de développement d'infrastructures à grande échelle (barrages, routes, infrastructures électriques, ports commerciaux, etc.). Ces projets colossaux sont promus par l'IIRSA avec le soutien de la BID.
La communauté Flor de Ucayali est l'une des communautés menacées dans le Département de Ucayali (Pérou). Cette communauté, membre de la Fédération des communautés natives de l'Ucayali et de ses affluents (FECONAU), est composée de familles du peuple autochtone Shipibo Konibo.
Flor de Ucayali s'étend sur 21'290 hectares de terres communautaires dont les titres ont été obtenus grâce au soutien du programme de délivrance des titres de propriété de l'organisation nationale AIDESEP. La communauté se situe sur la rive droite de l'Ucayali, à proximité de l'État d'Acre au Brésil. La communauté fait actuellement face à de graves problèmes : la culture illégale de coca par les colons sur le territoire de la communauté, des concessions pétrolières octroyées sur les terres communautaires et l'utilisation de substances toxiques pour la pêche illégale dans les lacs appartenant à la communauté.
Le projet titanesque d'Autoroute interocéanique fait partie de l'Initiative pour l'intégration de l'infrastructure régionale d'Amérique du sud (IIRSA) qui prévoit la construction de routes entre les pays d'Amérique du sud. Le départ du tronçon entre Pucallpa (Pérou) et Cruzeiro do Sul (Brésil) se trouverait au milieu des terres communautaires de Flor de Ucayali, qui est la seule communauté située dans le bassin fluvial de l'Utukinia. Cette situation rend la communauté et ses terres extrêmement vulnérables, puisque la plupart des populations voisines sont composées de colons et de paysans. Ce projet de développement du réseau routier représente une menace sérieuse puisqu'il risque de faciliter l'invasion massive des terres par les colons et les industries extractives. En outre, la déforestation due à la construction des routes pourrait avoir de graves conséquences sur la Réserve territoriale Iskonahua, qui a été formellement reconnue comme territoire où les peuples autochtones vivent en isolement volontaire.
Profil de la communauté La communauté Flor de Ucayali est située dans le bassin fluvial de l'Utukinia (un affluent de l'Ucayali), dans le district de Calleria, province de Coronel Portillo, région de Ucayali, près de l'État d'Acre au Brésil. Elle fut fondée par le leader traditionnel Juan Manuel Guimaraes Pangosa qui repéra en 1980 une zone surélevée dans le bassin fluvial de l'Utukinia qui n'était pas touchée par les inondations hivernales. Avec 21'700 hectares, la communauté possède la plus vaste étendue de terre de la Fédération des communautés natives de I'Ucayali et de ses affluents (FECONAU). Flor de Ucayali est une communauté intégrée comprenant un petit nombre de familles et qui compte 135 personnes qui cultivent les bananes, le manioc et le maïs pour la consommation locale. Les membres pêchent également chaque jour dans les deux lacs principaux, le lac Manko et le lac Lobo pour nourrir leurs familles. Douze communautés de paysans vivent dans le bassin fluvial de l'Utukinia qui, avec la communauté Flor de Ucayali, est voisine de la Réserve territoriale Iskonahua, où un groupe vit en isolement volontaire (Sierra del Divisor). La population totale de la région est de 5'600 habitants. La population Iskonahua vivant en isolement n'a pas été calculée précisément à cause de sa grande vulnérabilité et du risque qu'un contact forcé pourrait poser à la santé de ses habitants. Comme d'autres communautés paysannes, la communauté Flor de Ucayali est directement touchée par le tronçon Pucallpa - Cruzeiro Do Sul du projet IIRSA, que les estimations évaluent à plus de 220 km. La route couperait le territoire de la communauté en deux.
Appel à la communauté internationale Face à ces graves menaces, la communauté Flor de Ucayali fait appel à la solidarité internationale afin d'obtenir un soutien à sa campagne pour défendre ses droits et protéger ses forêts ancestrales.
Campagne de protection du territoire L'Assemblée communautaire a chargé Robert Guimaraes d'aider à mettre sur pied une nouvelle campagne de défense de sa communauté native.
En 2003, il a fondé la Escuela Amazónica Senen Soi, située à Pucallpa, Ucayali, qui organise le Programme d'éducation et de formation en influence politique, droits autochtones et industries extractives, dont il est actuellement le principal professeur. Le programme traite des droits autochtones en matière d'environnement et s'adresse aux leaders de l'Amazone. M. Guimaraes est également membre du Conseil consultatif des peuples autochtones de la communauté andine, au sein duquel il applique des politiques relatives à la protection des connaissances traditionnelles dans le cadre de la mise en œuvre de l'article 8 j) de la Convention sur la diversité biologique. Pendant plus de deux décennies, M. Guimaraes s'est fait le porte-parole des leaders autochtones contre les pratiques des sociétés d'exploitation du gaz, du pétrole et du bois qui ont systématiquement détruit les communautés autochtones de l'Amazone péruvien. Il a usé d'actions directes, de stratégies juridiques, d'influence politique, de campagnes contre les médias ainsi que d'une surveillance indépendante de l'industrie pétrolière, associées à des stratégies en faveur des droits autochtones. Depuis 2005, M. Guimaraes occupe la fonction de vice-président de l'AIDESEP, une organisation qui défend les droits de 1'400 communautés autochtones de l'Amazone péruvien grâce à l'influence politique, la conservation culturelle et les projets de développement durable.
Atelier sur les projets à grande échelle et les droits autochtones La Escuela Amazónica Senen Soi a organisé un atelier dans la communauté Flor de Ucayali sur le thème "Communautés affectées par les projets à grande échelle IIRSA et par les concessions pétrolières à Ucayali, Pérou", 27/28 janvier 2010.
La déclaration de l'atelier (disponible uniquement en espagnol) : Resolucion del Taller sobre Megaproyecto IIRSA y Lotes Petroleros
Pour plus de renseignements, prière de contacter Robert Guimaraes à l'adresse : rgv_sh_@yahoo.com
Overview
- Resource Type:
- News
- Publication date:
- 1 March 2010
- Region:
- Peru
- Programmes:
- Global Finance