La Commission européenne tient une conférence sur les défis et les solutions en matière de déforestation
Les 26 et 27 mai 2014, la direction de l’environnement, la direction du développement et la direction pour le climat de la Commission européenne (CE) ont organisé conjointement une réunion internationale de haut niveau sur les solutions à la déforestation et à la dégradation des forêts au niveau mondial et leurs implications en termes de changement climatique, de développement et de perte de biodiversité. La réunion a rassemblé des décideurs politiques de la CE représentant la DG-Environnement, la DG-Commerce et la DG-Développement ainsi que d’autres DG, avec les interventions liminaires de Commissaires de l'UE, d'ONG, d'organismes nationaux pour le développement et l'environnement, de donateurs, d’entreprises et d’universitaires, suivies de débats. Les ONG du Sud présentes étaient notamment SDI du Liberia et FODER du Cameroun, bien que la participation d’autres peuples et organisations de la forêt fût limitée.
Des pressions croissantes sur les peuples de la forêt et leurs forêts
Le Centre commun de recherche de la CE a indiqué que la population mondiale devient « plus cupide » et plus « avide de terres ». Il est prévu que la demande mondiale d’aliments augmente d’au moins 154 % d’ici 2050, et certaines estimations font état d’une hausse de 203 %, entraînée principalement par une demande accrue de produits carnés. Par ailleurs, les participants ont appris que la croissance urbaine rapide accroît les pressions sur les forêts et les ressources rurales dans les pays tropicaux. Le FPP a fait part de la déclaration de la réunion des peuples de la forêt en mars 2014 à Palangka Raya, afin de souligner que la déforestation est liée à une violation systématique des droits humains, aux déplacements et au vol des terres, et a appelé à une tolérance zéro de la part de l’Union européenne, des nations forestières et des grandes entreprises contre l’accaparement des terres. Des ONG d'Indonésie ont mis en exergue le rôle de la corruption et de la faiblesse de la gouvernance comme facteur sous-jacent principal de la destruction des forêts, de l’accaparement et des changements dans l’utilisation des terres.
Une déforestation importée
Les responsables de la CE ont reconnu que l’empreinte sur la forêt de l’UE est importante, et qu’elle importe des millions d'hectares de déforestation (dont 60 % sont liés au secteur alimentaire). Les décideurs politiques de la CE ont noté que les mesures réglementaires et volontaires des gouvernements et du secteur privé ont un rôle clé à jouer pour lutter contre le recul de la forêt. Les participants représentant des entreprises ont souligné la valeur des promesses de « déforestation zéro » des grands intérêts agroindustriels en matière de commerce et de transformation, alors que les ONG et les donateurs non-gouvernementaux ont appelé à une conformité accrue et à des mécanismes de plainte plus solides pour garantir que les engagements relatifs aux questions environnementales et sociales soient mis en œuvre. Les universitaires et les scientifiques présents à la réunion ont exhorté les gouvernements à prendre des mesures législatives en faveur d’un plus grand « changement systémique » pour éliminer l’acquisition des terres et la déforestation illégales par les chaînes d’approvisionnement mondiales, qui affectent les forêts et les communautés.
Des solutions communautaires fondées sur les droits
Les ONG participantes ont souligné la nécessité de solutions fondées sur des actions claires pour garantir les terres et les territoires coutumiers collectifs des peuples de la forêt et faire respecter le FPIC (consentement libre, préalable et éclairé), afin de se conformer aux obligations internationales, de freiner le recul de la forêt et d'empêcher l'accaparement des terres. Le FPP et d’autres participants ont présenté des données empiriques visant à démontrer le lien étroit entre la sécurité juridique des terres communautaires et l’intégrité des forêts (par exemple en Amérique latine et en Asie). Un consensus général a émergé lors de la conférence, qui consiste à affirmer que des mesures pour clarifier et garantir les droits fonciers sont essentielles afin de s’assurer que les chaînes d’approvisionnement en matières premières sont légales et durables. Les commissaires de la CE ont souligné la nécessité d’une approche intégrée au paysage, de l’amélioration de la gouvernance forestière, et d’actions en matière de régime foncier fondées sur « des connaissances et une planification solides, une vaste participation » et sur une attention « aux propriétaires coutumiers, aux femmes et aux utilisateurs locaux des ressources ».
Une éventuelle politique de l’UE en matière de déforestation?
Les ONG participant à la réunion, notamment FERN, Greenpeace et Global Witness, ont appelé l’UE/CE à cesser de contribuer au problème du vol des terres et à s’attaquer aux matières premières d’origine illégale (voir également le lien vers la déclaration des ONG ci-dessous). Dans les remarques de clôture à la fin de la conférence, les responsables de la CE ont informé les participants que la CE est toujours ouverte à un Plan d’action de l’UE sur la déforestation et la dégradation des forêts, mais que la décision finale relative à l’élaboration d’un tel plan incombera aux nouveaux Commissaires et au Conseil de l’UE au cours des douze prochains mois.
Informations complémentaires
Overview
- Resource Type:
- News
- Publication date:
- 16 July 2014
- Programmes:
- Supply Chains and Trade Climate and forest policy and finance Law and Policy Reform