Revue littéraire par Joji Cariño : « Pancur Kasih Empowerment Movement » et « Pancur Kasih Credit Union »
Conscient de la valeur historique de la documentation, le Mouvement d’émancipation Pancur Kasih (GPPK) consigne les expériences de ses trente années de travail comme outil d’apprentissage pour les générations présentes et futures de GPPK, les militants et les organisations de peuples autochtones ailleurs dans le monde.
- Jalons dans le travail de GPPK en réponse aux problèmes de la communauté dayak (1981-2011)
Introduction
Le Mouvement d’émancipation Pancur Kasih (Gerakan Pemberjayaan Pancur Kasih/ GPPK) est un mouvement social des peuples autochtones dayak du Kalimantan occidental, en Indonésie, qui, au cours des trente dernières années, a œuvré pour obtenir la reconnaissance de l’existence, de l’identité et de la dignité de peuples autochtones depuis longtemps marginalisés par les gouvernements, les entreprises et la société indonésienne dominante.
Cette année, GPPK a achevé deux ouvrages historiques portant sur l’organisation intitulés Pancur Kasih Empowerment Movement et Pancur Kasih Credit Union Movement, dont le lancement a eu lieu à Pontianak, en Indonésie, le 2 septembre 2013. Ces ouvrages peuvent être consultés ici : http://www.tebtebba.org/index.php/content/241-pancur-kasih-publications
En publiant ces deux ouvrages racontant la création et le développement de son mouvement social, le Mouvement d’émancipation Pancur Kasih a permis à tous leurs lecteurs de comprendre et de célébrer l’autodétermination contemporaine de peuples autochtones, telle que pratiquée et envisagée par les peuples dayak du Kalimantan occidental.
Certains ouvrages réussissent à transmettre des aspects fondamentaux et détaillés d’une idée et d’une vision, approfondissant et modifiant ainsi la pensée et la sensibilisation du lecteur. Ces ouvrages m’ont permis d’approfondir mes connaissances de l’émancipation et de l’autodétermination de peuples autochtones, non pas comme une fin à atteindre à l’avenir, mais comme un effort conscient continu pour surmonter la marginalisation et l’oppression, une attitude et une façon d’être active, que GPPK décrit comme « un mouvement par l’apprentissage ». Lire ces livres promeut la réflexion au sujet des expériences personnelles avec des mouvements de peuples autochtones, en les utilisant comme point de référence ou miroir pour mesurer les réussites dans d’autres lieux et d’autres domaines de lutte.
Ce récit est consacré au fait de surmonter la colonisation historique, la discrimination structurelle et les exigences imposées par le développement moderne, à travers un processus dynamique d’actions engagées, d’apprentissage et de réflexion, toujours sensible au contexte culturel, politique et social et aux possibilités des réalités locales et de la place occupée par ces peuples dans le monde. L’esprit des fondateurs du mouvement et la richesse des intellectuels dayak sont manifestes au travers des différents chapitres du livre, tout comme lorsqu’ils ont animé et guidé un mouvement social vivant et dynamique pour l’identité et la dignité. Faisant état de l’ouverture des mouvements sociaux autochtones aux idées et influences positives, GPPK décrit sa philosophie d’émancipation comme une synthèse de la philosophie dayak, des enseignements sociaux catholiques et de la science et des technologies modernes.
Examinant les défis économiques de notre époque, la discussion concernant les « sept chances et les sept calamités » auxquelles sont confrontées les sociétés autochtones d’aujourd’hui, qui se fraient un chemin entre des choix de développement économique tout en respectant la culture et l’identité, est tout à fait pertinente. Les principes sous-jacents permettant de vivre une bonne vie, fondés sur les valeurs culturelles traditionnelles des Dayak, sont les principes de la durabilité, de la collectivité, de la nature, de la spiritualité, de l’orientation des processus, de l’attachement au foyer et à la région. Ces principes sont en contraste avec les valeurs modernes dominantes, la productivité, l’individualisme, la technologie, la rationalité, l’efficacité, le commerce et la mondialisation, qui sont devenues les principes dominants du développement social et économique actuel, mais qui peuvent saper une relation équilibrée entre l’homme et la nature. Le chaos qui s’ensuit est considéré comme une pauvreté culturelle, définie selon la perspective dayak comme découlant de l’incapacité à pratiquer les principes et valeurs coutumiers, et à vivre une bonne vie.
Ce fondement culturel du travail de GPPK fait des Dayak un modèle parmi les mouvements sociaux dynamiques des peuples autochtones, qui font face aux crises sociales et écologiques du 21e siècle auxquelles l’humanité est aujourd’hui confrontée. GPPK a étendu et précisé sa vision et sa mission au fil des années, en franchissant des frontières ethniques/tribales, culturelles, religieuses et régionales, et même les frontières des pays, pour embrasser la société « dayak » et la société marginalisée en général, afin de mener leurs vies avec solidarité et amour, et d’obtenir l’indépendance économique, la dignité culturelle, et la souveraineté politique.
Pancur Kasih qui, traduit littéralement, signifie « fontaine de l’amour », a donné naissance à des institutions remarquables, à des organisations affiliées et à des résultats significatifs pour les communautés dayak. Son programme fondamental, couvert au fil des différents chapitres du livre, comprend l’éducation, la revitalisation culturelle, la popularisation de l’économie basée sur les personnes, la préservation de la nature, le changement effectif à travers les médias, la participation politique et le plaidoyer, et la place de GPPK parmi les mouvements sociaux en Indonésie. Différentes institutions, notamment le collège et le lycée Saint François d’Assise, Pancur Kasih Credit Union, Institut Dayakologi, Kalimantan Review, Mitra Hasih Printing, Bela Institution Banua Talino (LBBT), Community Radio for the Voice of Indigenous Community (RAMA) et la télévision RUAI ont toutes été créées suite au travail du Mouvement d’émancipation Pancur Kasih et sont des institutions de services importantes pour la communauté.
À chaque étape de son histoire longue de trente ans, GPPK a clairement identifié les problèmes principaux, tout comme les programmes institutionnels correspondants permettant d’aborder ces problèmes. Ces étapes ont posé les jalons du parcours de GPPK. Avec d’autres peuples autochtones d’Indonésie, GPPK fut un élément central de la création d’Aliansi Masyarakat Adat Nusantara (AMAN), l’alliance nationale des peuples autochtones, dont les membres à travers l’archipel dirigent les luttes des communautés pour les droits fonciers et la reconnaissance.
Ces ouvrages auront certainement des répercussions durables similaires, au même titre que les nombreuses institutions et programmes que GPPK a mis sur pied et soutenus au cours de ses trente années d’existence.
Overview
- Resource Type:
- News
- Publication date:
- 1 October 2013
- Region:
- Indonesia
- Partners:
- Aliansi Masyarakat Adat Nusantara (AMAN): Indigenous Peoples Alliance of the Archipelago Institut Dayakologi