SUD-KIVU : Des accusations infondées proférées par l’administration du Parc National de Kahuzi Biega suscitent la peur au sein des organisations de la société civile et risquent d’inciter à la violence

L’administration du Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB) faute de parvenir à discréditer certains leaders communautaires Batwa, ainsi que les organisations qui les soutiennent, envisage maintenant de les mettre leur vie en danger à travers des appels à la violence a peine voilée.
Dans un article paru sur le site web www.kahuzi-biega.com, daté du 15 octobre 2020, le PNKB accuse un chef Batwa, Jean-Marie Kasula, d'avoir mené une attaque armée contre un convoi visant le ministre provincial de l'agriculture. L'article suggère également que l’ONG de droit Congolais CAMV, ainsi que son partenaire Forest Peoples Programme (FPP) auraient pu fournir les armes qui ont servi à l’attaque. Par ailleurs, le chargé de communication du PNKB, monsieur Hubert Mulongoy, a donné une série d’interviews paru dans la presse locale le mercredi 14 Octobre dans lesquelles il accuse CAMV et FPP de manipuler les communautés et d’être les responsables de la violence qui sévit dans le Parc.
Dans le contexte actuel du Sud-Kivu, marqué par l'instabilité et l'insécurité, ce genre de déclaration publique sans aucun fondement ni aucune preuve est dangereux. En lorsque de telles accusations infondées concernent une supposée implication dans des attaques visant d’éminentes personnalités de la province il est évident que le risque de représailles est encore plus grand. A juste titre, nous sommes inquiets pour la sécurité et l’intégrité physique de monsieur Kasula Jean-Marie et de sa famille, ainsi que celle de nos amis et collègues de CAMV.
Nous contestons également le narratif qui entoure la présentation globale du contexte actuel du PNKB, qui est erroné à bien des égards.
Jean-Marie Kasula et 7 autres co-accusés, avaient été condamnés le 4 février dernier à 15 ans de servitude pénale (à l’exception de deux femmes) au terme d’un procès expéditif qui n’avait pas respecté les garanties d’un procès équitable. Depuis lors, un groupe d'avocats chevronnés, soucieux du respect des droits humains a soutenu les 8 accusés dans le cadre d'un appel contre leur condamnation et leur emprisonnement. En août, 2 femmes, qui avaient été condamnées à un an de prison, ont été libérées. En septembre, M. Kasula Jean-Marie, qui est un homme âgé, et un de ses coaccusé malade et qui ne recevait pas de traitement adéquat en prison, ont été libérés sous caution, dans l'attente du jugement. L'article suggéré que la libération de Kasula et consorts est "mystérieuse" et s’apparente même à une évasion. Il s’agit-là d’accusation purement mensongère et d’une terrible mépris et manque de considération pour le travail des Magistrats de la Cour d’appel. La libération des 4 prévenus a suivi un processus juridique bien documenté dont la motivation est accessible auprès de l’autorité judiciaire compétente.
L'article accuse aussi directement M. Kasula d'avoir attaqué le convoi, et suggère que l'attaque aurait été commanditée par CAMV et FPP, qui auraient pu armer les assaillants, mais ne fournit aucune preuve à l’appui de ses allégations. Ces allégations sont totalement infondées et diffamatoires.
Nous exigeons du PNKB le retrait de son article incendiaire ainsi que des excuses publiques pour ses déclarations diffamatoires.
Nous pensons qu'au lieu de dépenser de l’énergie à susciter la violence a l’égard des organisations de la société civile ou d’attiser de nouveaux conflits avec les leaders communautaires Batwa, les autorités du parc gagnerait à prendre le taureau par les cornes en recherchant des solutions durables à l'injustice historique faite aux Batwa expulsées de leurs terres ancestrales depuis près de 45 ans.
Overview
- Resource Type:
- News
- Publication date:
- 16 October 2020
- Region:
- Democratic Republic of Congo (DRC)
- Programmes:
- Conservation and human rights
- Partners:
- Centre d’Accompagnement des Autochtones Pygmées et Minoritaires Vulnérables (CAMV)