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Accès et participation des peuples autochtones aux parcs nationaux de Lobéké, Boumba-Bek et Nki

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Une évaluation indépendante de l’efficacité des modalités d’accès aux parcs pour les communautés Baka et une enquête sur leur compréhension des modalités d’aménagement des parcs et leurs points de vue sur une future cogestion.

Le Ministère Camerounais des Forêts et de la Faune (MINFOF) et l’Association Sanguia Baka Buma’a Kpode (ASBABUK), désigné pour représenter toutes les communautés Baka riveraines des Parcs Nationaux de Lobéké, Nki (Secteurs Nord et Sud) et Boumba-Bek, sont tous deux parties prenantes du Mémorandum d’Entente (MoU) signé en 2019. L’objectif principal du MoU est de rétablir l’accès et l’utilisation des ressources biologiques et culturelles clés par les Baka dans ces trois zones protégées. Ce MoU prévoit aussi que les parties collaboreront dans trois grands domaines de collaboration :

le développement et la gestion des parcs nationaux et de leurs environs, la politique de protection et la promotion des droits des communautés locales, et leur renforcement de capacités.

Cette évaluation fait le constat que 20 ans après la création du parc national de Lobéké et plus de deux ans après la signature du MoU, les communautés Baka n’ont toujours pas accès à leurs territoires traditionnels.

Accès aux parcs pour les communautés Baka Évaluation (Français)

Baka access to Lobeke National Park Evaluation (English)

Malgré les bonnes intentions des différents acteurs, le MoU n’a pas très bien été mis en oeuvre jusqu’à présent : les modalités d’accès des communautés n’ont pas été correctement définies, les instances de concertation semblent être limitées dans leurs fonctions et efficacité, les connaissances et l’adhésion des communautés Baka au processus de MoU sont faibles, et ce n’est guère mieux pour ASBABUK, pourtant un des deux signataires du MoU.

As the current MoU expires at the end of this month (26 February 2022), we urge MINFOF and WWF to take note of the key findings and recommendations of this evaluation in order to inform the imminent MoU renewal process.

Les principales conclusions de l’évaluation sont les suivantes :

  • L’engagement central du MoU – le développement de plans d’action annuel pour permettre l’accès aux communautés – n’a pas été atteint.
  • Les communautés ne constatent aucune amélioration en termes d’accès au Parc.
  • Malgré les sensibilisations conduites par le WWF et d’autres acteurs, la connaissance et la compréhension du MoU par les communautés restent extrêmement faibles, et le niveau de méfiance envers les acteurs de la conservation (et le processus même du MoU) reste élevé.
  • De nombreux enquêtés – y compris les communautés, les OSC et le gouvernement – ont reconnu que l’accès des Baka aux ressources est significativement affecté tant par les parcs, que par les autres restrictions effectives en place (et les risques de violence) dans les zones périphériques sous contrôle des sociétés forestières ou des sociétés de safari. Le manque d’accès à ces zones périphériques limite inévitablement l’accès au parc même, en tant que zones tampons, elles sont un passage obligatoire vers le parc. L’efficacité des modalités d’accès au parc dépend donc de solutions à trouver quant à l’accès à ces zones tampons.
  • Le manque prolongé d’accès aux parcs a limité les Baka dans la pratique de leurs diverses activités traditionnelles – ce qui a eu, entre autres, des impacts négatifs sur la transmission des connaissances culturelles et écologiques aux jeunes générations. Malgré cela, les communautés Baka continuent à exprimer leur engagement fort envers la conservation de la forêt et de son écosystème et expriment leur volonté de trouver des moyens de s’impliquer davantage dans la gestion du parc.

Les recommandations spécifiques de l’équipe d’évaluation, dont certaines pourraient être adoptées à l’occasion du renouvellement du MoU, sont les suivantes :

  1. Les modalités d’accès pour les communautés Baka doivent être définies explicitement dans le MoU, et doivent rester en vigueur jusqu’à ce qu’un autre accord vienne à le remplacer – sans avoir besoin d’être renégocier chaque année, ni d’expirer à la fin de la période couverte par le MoU. C’est un point important pour ne pas prendre un risque (considérable) que trop de retard soit pris dans la préparation et la validation de documents ou que les droits acquis soient perdus entre la fin d’un MoU et la signature du suivant. Cela permettra aussi une plus grande confiance et une meilleure compréhension de leur droits par les communautés Baka.
  2. Les droits d’accès doivent être clairement et formellement établis pour les parcs nationaux, mais aussi pour les zones tampons autour de ces parcs (y compris celles sous le contrôle de tiers). Plusieurs procédés sont possibles, soit sous la forme d’accords multipartites, soit d’un accord-cadre pour une zone, ou même via une réforme législative. A court terme, cela passe par un MoU.
  3. Des règles d’accès (revues) devraient être élaborées pour assurer un accès simple et libre des communautés Baka aux parcs comme dans leurs périphéries respectives. Les actuelles règles informelles en place à Lobéké se sont avérées inapplicables et injustement contraignantes pour les communautés, et devraient donc être révisées en consultant les communautés. Par principe, toute activité menée par les Baka à l’intérieur d’une aire protégée devrait être présumée autorisée, sauf si elle est explicitement interdite dans un texte.
  4. Chaque parc national doit faire l’objet d’un MoU qui lui est propre, adapté à son contexte et négocié avec ses communautés riveraines (cela sous entend que les accords peuvent différer d’un parc à l’autre). C’est important pour s’assurer que le MoU traite bien les enjeux clés de chaque zone, pour mieux engager les autres parties prenantes locales et (plus important encore) permettre un engagement plus fort des communautés Baka directement affectées.
  5. Les MoU doivent être convenus avec, et signés par, toutes les communautés Baka affectées. Bien que cela soit plus couteux que de nommer une organisation pour les représenter, c’est essentiel tant pour rétablir la confiance entre les acteurs de la conservation et les communautés, que pour s’assurer que les communautés soient bien sensibilisées au processus et puissenet donc jouir de leurs droits d’accès.
  6. Le MINFOF, les partenaires internationaux et les OSC locales devraient augmenter significativement leur engagement et leur soutien à l’organisation et au développement des communautés Baka autour de chacun des trois parcs objets du MoU, pour améliorer leurs capacités à participer des processus lié au parc en général, et pour faciliter l’émergence d’organisations communautaires représentatives légitimes. Etant donné la vaste zone géographique couverte par ces trois parcs et les difficultés logistiques de déplacement dans cette zone, il est important que les communautés Baka bénéficient d’un soutien et d’une représentation organisationnelle plus locaux. L’aide au développement de leurs capacités organisationnelles – idéalement via des OSC locales – doit être dotée correctement, régulièrement et sur plusieurs années.
  7. Les écogardes et autres employés du parc doivent être impliqués dans la mobilisation communautaire, les consultations et les sensibilisation (aux côtés des OSC), et notamment pour les questions d’accès. C’est une étape importante pour rétablir la confiance et s’assurer que les règles soient bien comprises par les communautés comme les écogardes.
  8. Davantage de ressources doivent être allouées à la négociation des MoU et aux processus d’engagement en cours. Ces ressources doivent bénéficier en particulier au management du parc, aux OSC/organisations communautaires et, surtout, aux communautés ellesmêmes. Les autres organisations de conservation et de développement devraient s’assurer que leurs appuis aux parcs prévoient des moyens pour une meilleure prise en compte des droits.
  9. Un mécanisme de plainte et de compensation, efficace et contraignant, doit être intégré au MoU afin d’améliorer la redevabilité.
  10. Le MINFOF et les partenaires internationaux de la conservation doivent soutenir activement l’émergence de zones de préservation contrôlées par les PA au Cameroun, par le biais de financements directs, de renforcement des capacités et de réformes juridiques.

Voir ici l'évaluation complémentaire du mécanisme de plaintes de Lobeke

Overview

Resource Type:
Reports
Publication date:
17 February 2022
Region:
Cameroon
Programmes:
Supply Chains and Trade
Partners:
Association OKANI

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