Au Congo Brazzaville, les Baka renforcent leur leadership pour une conservation traditionnelle de la nature

Les Baka venus des villages situés dans les districts de Sémbé, Souanké et Ngbala, se réunissent autour d’un atelier, tenu du 21 au 25 août 2024, dans la ville de Sémbé, pour renforcer leurs capacités en gouvernance communautaire, indispensable pour poursuivre leurs actions de conservation traditionnelle. 

Au cours de cet atelier, les participants, en l’occurrence Girbert POUPE et Gérôme EMBASSA, témoignent que :  

 

« Nous les Baka, nous avons conservé la forêt depuis des siècles. La forêt est notre identité. Nous avons tous été initié dans la forêt. Nous l’utilisons de façon rationnelle, c’est notre garde à manger. Cependant, les politiques de conservation forteresse de la nature et d’exploitation restrictive des ressources naturelles contribuent à la disparition de notre savoir-faire, engendrant ainsi l’affaiblissement du leadership Baka. Nous ne sommes plus libres dans notre propre forêt que nous avons conservée. Cet atelier est notre éveil ». 

 

C’est dans cet optique que Forest Peoples Programme et son partenaire du Congo Brazzaville de cette époque, notamment l’Association pour la Protection des Ecosystèmes Tropicaux et le Développement de la Sangha (APETDS), ont facilité l’éveil du leadership des Baka afin qu’ils poursuivent leurs actions de conservation de leur savoir-faire et leur héritage culturel. 

Comme de coutume, des temps forts ont marqué le déroulement de cet atelier bénéficiant du soutien financier de Rainforest Fund. 

Les Baka identifient premièrement les défis qui affaiblissent leur leadership 

Dans une ambiance de danse et de récits, les défis identifiés sont les suivants : 

• Le modernisme désoriente nos jeunes générations des Baka à se désintéresser de leur savoir-faire et à développer un complexe d’infériorité par rapport aux bantous.;  

• Le système d’exploitation et de conservation forteresse de la nature limitent notre accès à nos sites sacrés et lieu de transmission de notre savoir-faire s’est limité depuis l’avenue des exploitants et conservateurs ; 

• Le système foncier national facilite l’expropriation de nos forêts et ne reconnaissait pas nos droits fonciers coutumiers préexistant ; 

• Le braconnage et exploitation illégales de la forêt épuisent notre capacité de surveillance de nos forêts ; 

• La rareté des Koukouma ou détenteur du savoir-faire traditionnel accentue l’affaiblissement de notre leadership en limitant la transmission de l’héritage culturel par la danse, les récits et rites ; 

• La faible représentativité de Baka dans des instances de prises de décision limite notre implication et notre rôle dans la gestion forestière  

Des cas pratiques pour renforcés leur leadership 

Face à tous ces défis, les participants Baka se livre à des jeux de rôles, à de découvertes médiatiques sur les expériences d’autres peuples. Ils passent également en revue les législations garantissant le leadership et la conservation communautaire et explorent ainsi les opportunités du cadre mondial de la biodiversité post 2020. 

Des recommandations pour pallier aux défis identifiés 

Les groupes de réflexion des Baka sur les barrières à la prise de décision et le rôle dans Baka dans la gestion forestière ont ressorti des recommandations ci-après : 

 

« Nous Baka, nous devrons resteront uni, et s’organiseront pour protéger nos forêts et défende nos droits ; 

Nous sollicitons que le gouvernement garantisse les indemnisations dues à la destruction de nos cultures par les animaux et veille à l’obtention du consentement libre, informé et préalable des Baka avant le démarrage de tout projet ; 

Nous sollicitons un accompagnement financier et technique pour faire de la surveillance communautaire de nos forêts et réaliser des actions visant à promouvoir notre savoir-faire traditionnel ». 

 

En définitive, dans une logique de continuation de l’éveil du leadership Baka, Forest Peoples programme et son nouveau partenaire du Congo Brazzaville, dénommé « Cercle d’Encadrement Communautaire pour le Développement », entendent organiser en mars 2025, un atelier sous-régional réunissant les peuples autochtones venues de plusieurs pays d’Afrique central, permettant ainsi des échanges d’expérience et de renforcement de capacités.