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Déclaration de Lima de la Conférence Mondiale des Femmes Autochtones, 30 octobre 2013

Les femmes autochtones vers l’inclusion et la visibilité ! 

Nous, les femmes autochtones des sept régions socioculturelles du monde, nous sommes réunies à l’occasion de la Conférence mondiale des femmes autochtones, « Progrès et défis face à l’avenir que nous voulons », à Lima, au Pérou, du 28 au 30 octobre 2013. Étaient présentes à notre réunion des aînées et des jeunes, des femmes urbaines et rurales, des porteuses de savoirs traditionnels comme des guérisseuses, des activistes et des artistes. Nous avons été honorées de la participation de nos alliés, y compris des organes des Nations Unies, des mécanismes des Nations Unies sur les peuples autochtones, le Groupe mondial de coordination (GMC) de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones (CMPA), des bailleurs de fonds, des gouvernements et des organisations qui nous soutiennent dans un esprit solidaire. Nous avons échangé nos histoires, nos luttes, nos victoires, nos défis et nos propositions pour pouvoir avancer, sur la base de ce que nous avons déjà obtenu. Nous avons basé nos discussions sur les contributions des femmes qui nous ont précédées, ainsi que sur nos aspirations pour les générations futures. Nous avons célébré la force, la beauté et l’expérience des femmes autochtones présentes à cette réunion, et dans le monde entier. Nous, les femmes autochtones, affirmons notre droit à la libre détermination, laquelle englobe la participation directe, pleine et efficace des peuples autochtones, y compris le rôle crucial joué par les femmes autochtones dans tous les aspects liés à nos droits humains, notre statut politique et notre bien-être. Nous soutenons le principe : « Rien sur nous, sans nous » et déclarons par ailleurs « Tout ce qui nous concerne, avec nous ». Nous, les femmes autochtones, affirmons notre responsabilité de protéger la Terre, notre Mère. Les femmes autochtones ressentent la même douleur et subissent les mêmes effets que notre Mère suite aux abus physiques et à la surexploitation du monde naturel, dont nous faisons partie intégrante. Nous défendrons nos terres, nos eaux, nos territoires et nos ressources, qui sont la source de notre survie, par notre propre vie. La protection de la Terre-Mère est une responsabilité historique, sacrée et permanente des peuples autochtones du monde, qui sont les gardiens ancestraux des terres, des eaux, des océans, des glaciers, des montagnes et des forêts de la Terre. Ces éléments soutiennent nos cultures distinctes, notre spiritualité, nos économies traditionnelles, nos structures sociales, nos institutions et nos relations politiques depuis des temps immémoriaux. Nous, les femmes autochtones, jouons un rôle primordial dans la protection et la conservation de la Terre-Mère et de ses cycles. Aujourd’hui, en cette époque de crise grave liée aux changements climatiques et à la perte imminente et irréversible de la diversité biologique, nous, les femmes autochtones, soulignons le devoir qu’ont les États de protéger les territoires des peuples autochtones, comme zones cruciales pour le relèvement et la résilience sociales, culturelles et écologiques de l’humanité et du monde naturel. Pour les peuples autochtones, nos terres et nos territoires renferment non seulement la géographie et les superficies physiques de nos terres, eaux, océans, glaciers, montagnes et forêts, mais aussi les profondes relations, valeurs et responsabilités culturelles, sociales et spirituelles qui nous relient à nos terres ancestrales. La juridiction souveraine des peuples autochtones sur nos terres, nos territoires et nos ressources constitue la fondation de nos droits à la libre détermination, à l’autogouvernance et au consentement libre, préalable et éclairé. Les violations commises par les États et leur échec à faire valoir ces droits constituent une source première de conflits et de revendications concomitantes émanant des industries extractives, des concessions forestières, des programmes énergétiques et d’autres projets nuisibles nés d’un modèle de croissance et de développement économiques échoué et fondé sur l’exploitation d’autrui . Les femmes autochtones demandent aux États de reconnaître et de respecter nos droits aux terres, aux territoires et aux ressources tels que stipulés dans le droit coutumier autochtone, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et d’autres instruments internationaux de défense des droits humains. Cela inclut notre droit à mener librement notre propre développement économique, social et culturel. Il est nécessaire de mettre en œuvre, de toute urgence, les droits garantis dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Les femmes autochtones sont des défenseuses actives de tous les droits humains individuels et collectifs de nos peuples. Nous portons souvent le fardeau des torts sociaux et environnementaux causés par la négation et la violation constantes de nos droits humains, ainsi que par une mise en œuvre et une reddition de comptes insuffisantes de la part des États. Les femmes et les filles autochtones sont confrontées à de multiples formes de discrimination, au manque d’accès à l’éducation et aux soins de santé, à des taux de pauvreté et de mortalité maternelle et infantile élevés. Nous subissons toutes les formes de violence, comme la violence conjugale et les abus sexuels, y compris dans les contextes de la traite, des conflits armés, de la violence environnementale et des industries extractives. En tant que femmes autochtones, nous reconnaissons l’importance de la santé et de l’éducation sexuelles et génésiques pour tous les âges. Cela englobe nos droits associés à des services de santé et d’éducation culturellement appropriés au sein de nos communautés, et le droit d’exercer, de maintenir et de contrôler nos propres connaissances et pratiques en matière de santé. Nous lançons un appel à la tolérance zéro concernant toutes les formes de discrimination et toutes les formes de violence à l’encontre des femmes et des filles autochtones, qui font partie des formes de violations des droits humains les pires et plus généralisées perpétrées contre les peuples autochtones. Enfin, nous affirmons que les femmes autochtones ont les connaissances, le savoir et l’expérience pratique qui ont soutenu les sociétés humaines au fil de maintes générations. Nous, en tant que mères, donneuses de vie, porteuses de culture et soutiens de famille, favorisons les liens entre les générations et sommes les sources actives de continuité et de changement positif. En ce qui concerne les événements mondiaux à venir :1. Nous demandons à la CMPA d’inclure les propositions figurant dans le Document final d’Alta pour l’établissement de mécanismes efficaces afin d’exiger des comptes aux États sur leurs obligations relatives aux droits humains et autres. 2. Nous demandons à la CMPA d’accorder la priorité aux questions et préoccupations des femmes autochtones dans tous les thèmes, dispositions organisationnelles et documents finaux, et de veiller à la participation pleine et efficace des femmes autochtones, notamment les aînées et les jeunes, ainsi qu’à la mise en œuvre efficace du Plan d’action et des recommandations découlant de la Conférence mondiale des femmes autochtones.3. Nous demandons aux États, au système des Nations Unies, et à toutes les parties prenantes concernées de veiller à la mise en œuvre efficace du Plan d’action et des recommandations découlant de la Conférence mondiale des femmes autochtones, notamment en fournissant des moyens financiers suffisants et d’autres formes de soutien dans le cadre des cadres et des processus de Beijing +20, Caire +20 et de l’Ordre du jour post-2015 pour le développement, processus auxquels les États, le système des Nations Unies et toutes les parties prenantes concernées devraient aussi assurer la participation pleine et efficace des femmes autochtones, notamment les aînées et les jeunes.4. Nous, les femmes autochtones, ratifions la Déclaration de Beijing sur les femmes autochtones faite à Huairou, en Chine, en 1995. Nous le faisons parce que les recommandations de cette déclaration, formulées il y a 18 ans, sont encore valides. Nous demandons donc aux États, au système des Nations Unies et à toutes les parties prenantes concernées de veiller à la mise en œuvre efficace de ces recommandations. Nous remercions nos hôtes, les peuples autochtones et le gouvernement du Pérou, et en particulier CHIRAPAQ, le Centro de Culturas Indígenas del Perú, et le Forum international des femmes autochtones, l’Enlace Continental de Mujeres Indígenas de las Américas, le Pacte asiatique des peuples autochtones, l’African Indigenous Women’s Organization, l’Alianza de Mujeres Indígenas de Centroamérica y México, l’Asian Indigenous Women’s Network, l’Indigenous Women's Human Rights Council of the Pacific Region et l’Indigenous Information Network. Nous tenons également à remercier toutes les entités qui nous soutiennent : UNPFII, ONU Femmes, FAO, UNFPA, PNUD, ministère de la Culture du Pérou, Christensen Fund, Tamalpais Trust, Fondo Indígena, AECID, Fonds mondial pour les femmes, IWGIA, Channel Foundation, Mama Cash et Ford Foundation. Ensemble, nous continuerons à construire le mouvement en faveur de nos droits. Lima, 30 octobre 2013

Overview

Resource Type:
News
Publication date:
5 November 2013

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