La norme en matière d’huile de palme lutte pour rétablir sa crédibilité
Les révélations récentes selon lesquelles la plupart des organismes de certifications évaluant la performance des plantations de palmiers à huile ne respectent pas la norme de la Table ronde pour une huile de palme durable (RSPO) ont stupéfié de nombreuses grandes marques, qui dépendent de la RSPO pour garantir les caractéristiques de l’huile de palme dont elles s’approvisionnent. Ces révélations ont été faites par Accreditation Services International (ASI), l’organe chargé de s’assurer que les organismes de certification sont qualifiés pour jouer leur rôle de vérificateur, à l’occasion de la 14e table ronde de la RSPO qui s’est tenue à Bangkok en novembre. Lors de cette réunion, le FPP a lui aussi vivement critiqué les performances médiocres du Secrétariat de la RSPO, qui avait été chargé par les membres lors de la réunion précédente, un an plus tôt, de prendre des mesures urgentes pour améliorer la qualité des évaluations et des audits, afin de veiller à ce que la norme soit appliquée de manière crédible. Stupéfait par le retard et ces nouvelles informations, le Conseil des gouverneurs de la RSPO s’est excusé et a réprimandé le Secrétariat pour ses résultats insatisfaisants.
La table ronde annuelle a également fait le suivi des progrès du processus de plaintes de la RSPO dirigé par le comité des plaintes, au moyen duquel les communautés et les ONG sont censées pouvoir tenir les entreprises pour responsables lorsqu’elles ne respectent pas la norme de la RSPO. Le géant indonésien de l'huile de palme, Golden Agri Resources (GAR), avance très lentement dans l’indemnisation des communautés dont il a pris les terres sans leur consentement éclairé. Bien que le comité des plaintes ait décidé que dans l'une des filiales de GAR, PT Kartika Prima Cipta, l'entreprise doit fournir 460 ha supplémentaires de petites exploitations agricoles aux communautés affectées à Kapuas Hulu, au Kalimantan occidental, rien n’a encore été fourni dans ans après le dépôt de la plainte. GAR a refusé de libérer des terres de son domaine principal pour y contribuer. Au lieu de sanctionner GAR pour sa lenteur, le comité semble se contenter de ne rien faire.
Cependant, le comité des plaintes a récemment pris une décision en faveur de la communauté minangkabau kapa, au Sumatra occidental, qui s’était plainte auprès de la RSPO il y a plus de deux ans du fait que le géant de l’huile de palme Wilmar, à travers sa filiale PT PHP1, tentait d’obtenir un bail sur ses terres sans son consentement. Suite à la plainte, la RSPO et des membres du personnel de Wilmar se sont réunis avec des représentants de la communauté kapa afin d'envisager des solutions, et l’entreprise a promis d’examiner les possibilités légales qui permettraient à l’entreprise d’obtenir un bail sans supprimer les droits des communautés. Malgré cela, l'entreprise a acquis le bail. Il est difficile d'imaginer une violation plus manifeste du droit au consentement libre, préalable et éclairé. Aujourd’hui, deux ans plus tard, le comité a jugé que Wilmar avait violé la norme de la RSPO et qu’elle doit restaurer les droits fonciers de la communauté kappa.
Des ONG ont dû lutter pour que les exigences les plus élémentaires en matière de transparence ne soient pas esquivées par la RSPO. Une plainte contre le développement du palmier à huile en Papouasie par PT Nabire Baru, une filiale d'une grande entreprise indonésienne du secteur de l'huile de palme, Goodhope, a été inscrite dans le processus de plainte et est actuellement examinée dans le cadre de discussions bilatérales. Mais en janvier, les informations concernant l’affaire n’avaient pas encore été publiées par la RSPO. L’enseignement tiré de ces expériences est que la persévérance est récompensée, mais qu’une RSPO plus réactive éviterait bien des difficultés.
Marcus Colchester
Overview
- Resource Type:
- News
- Publication date:
- 14 February 2017
- Programmes:
- Supply Chains and Trade Global Finance