Opinions des partenaires du FPP sur le Sommet Rio+20
Le Forest Peoples Programme et une délégation de leaders de peuples autochtones du Guyana, du Suriname, du Pérou, de Panama et du Kenya ont participé à la Conférence internationale des peuples autochtones Rio+20 sur le développement durable autonome et l’autodétermination du 17 au 19 juin ainsi qu’à la réunion intergouvernementale formelle Rio+20 du 20 au 22 juin 2012. Les délégués ont également pris part à la réunion Kari-Oca II et au Sommet des peuples, et ont été impliqués dans la Journée d’action mondiale le 20 juin. Après une semaine mouvementée faite de conférences de presse, de présentations publiques, de marches et de participation à des réunions officielles et à des événements parallèles, le FPP a demandé aux délégués de s’exprimer sur leur expérience à l’occasion de Rio+20 et sur différentes questions relatives à ce sommet. Des extraits de ces entretiens sont présentés ci-dessous.
“Il semble que les États et de nombreuses grandes ONG de conservation et grandes entreprises présentes à Rio+20 ne parlent que de ce qu’ils appellent le « capital naturel » et d’argent. Ils parlent toujours d’argent et ils veulent maintenant appeler leurs activités « l’économie verte ». Mais la vérité est qu’ils s’intéressent toujours principalement à l’extraction des ressources naturelles. C’est ce que nous constatons dans le cadre de la stratégie de développement à faible intensité de carbone (LCDS) au Guyana, qui a été présentée ici à Rio comme un modèle à suivre pour d’autres pays en développement. J’aimerais dire qu’à moins que nos territoires soient pleinement garantis et respectés, le processus de LCDS au Guyana ne peut constituer un modèle, parce qu’il n’adopte pas une approche fondée sur les droits humains et l’écosystème. Nous avons fait campagne pour nos droits, mais chaque fois que nous demandons au gouvernement d’aborder la question foncière, nous nous sommes heurtés à un mur de briques. Il refuse tout simplement de reconnaître nos problèmes.” [Laura George, Association des peuples amérindiens (APA), Guyana]“Selon moi le processus officiel Rio+ 20 n’était pas suffisamment ouvert. Le souvenir du Dialogue officiel sur les forêts m’accompagnera pendant longtemps. Il ne s’agissait que de personnes en ligne ou dans la salle qui pouvaient faire des recommandations et voter. Je pense que cela est injuste. Dans la plupart de nos villages, nous n’avons pas internet. Donc j’ai le sentiment que nous n’avons pas été véritablement impliqués. Le langage concernant les forêts dans le document Rio+20 du gouvernement est vraiment fragile. Je suis très déçu à cet égard. Ce qui m’a plu le plus cette semaine a été la Marche des peuples à l’occasion de la Journée d’action : je pense que les mouvements sociaux ont transmis un message solide aux gouvernements qui affirme que leur processus officiel ne traite pas des besoins de la planète ni de ceux de nos peuples”. [Kokoi, Association des peuples amérindiens (APA), Guyana]“Les conférences organisées par les peuples autochtones étaient utiles et nous avons rédigé des messages forts dans différentes déclarations. D’autre part, bien que les résultats officiels comportent un langage utile sur la biodiversité et les savoirs traditionnels, le langage n’était en général pas solide. Il ne traite pas suffisamment en détail de nos droits fondamentaux parce que le processus officiel de participation à Rio+20 ne prévoyait pas notre participation effective. C’est la raison pour laquelle de nombreux résultats sont superficiels, alors que dans nos pays nos gouvernements ne respectent pas pleinement nos peuples et qu’ils continuent de promouvoir les industries extractives et les méga projets, et qu’ils empruntent de l’argent à cet effet. L’État panaméen affirme qu’il tente d’éradiquer la pauvreté, mais la réalité sur nos territoires est tout à fait différente : nos terres sont envahies par les colons, et les barrages et l’exploitation des mines violent nos droits. Les gouvernements, les organismes de développement et les institutions financières doivent adopter une autre stratégie fondée sur le respect véritable de nos droits, dans le cas contraire nous constaterons dans vingt ans plus de dommages environnementaux, une fragmentation accrue des écosystèmes et une plus grande pauvreté”. [Onel Masardule, Fondation pour la promotion des savoirs autochtones (FPCI), Panama]“Avant d’aller à Rio, le message était déjà clair : « n’ayez pas trop d’attentes quant aux résultats ». Étant donné que je participe aux conférences sur les changements climatiques depuis plusieurs années, j’étais préparée. Mais je suis tout de même déçue des résultats qui figurent dans le document final « L’avenir que nous voulons ». D’une manière ou d’une autre, je m’attendais à ce que la conférence des Nations Unies sur le développement durable soit au moins un processus ouvert et transparent. Peut-être que j’étais naïve puisque la structure des Nations Unies ne semble toujours pas à même d’assurer un processus de participation permettant d’obtenir les résultats adéquats pour le développement durable que nous voulons tous pour notre avenir ? Ceci m’inquiète. Mais il y a quelques points positifs, même dans le document final, qui peuvent être utilisés par les peuples autochtones, en particulier dans des pays comme le Suriname où les droits des peuples autochtones ne sont pas reconnus juridiquement. J’aime le paragraphe 49, qui souligne l’importance de la participation des peuples autochtones et d’autres à la réalisation du développement durable et affirme que les gouvernements reconnaissent « l’importance de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones dans le contexte de la mise en œuvre des stratégiques de développement durable aux niveaux mondial, régional, national et sous-national ». Ces résultats sont utiles. En dehors du sommet officiel, j’ai beaucoup apprécié les débats lors de l’atelier de la Conférence mondiale des peuples autochtones sur le développement durable et l’autodétermination. Sur la base de ceci, j’ai le sentiment que nous sommes sur la bonne voie concernant nos propositions de développement, notamment pour ce qui est des économies locales et des savoirs traditionnels. Les échanges m’ont permis de recueillir beaucoup d’informations et quelques nouvelles idées”. [Marie-Josee Artist, Association des leaders des villages autochtones du Suriname (VIDS), Suriname]
“Cela a été une expérience intéressante pour moi. J’ai rencontré et établi des liens avec de nombreux frères et sœurs du mouvement des peuples autochtones. Cela me fait me sentir bien. Je me sens plus fort. J’ai le sentiment que mon peuple ogiek au Kenya n’est pas le seul à souffrir des politiques non durables promues par les gouvernements et les sociétés transnationales. Nombre d’entre nous font face aux mêmes injustices que sont l’accaparement des terres, les déplacements et la marginalisation à travers le monde, notamment les peuples autochtones dans des pays comme le Canada et les États-Unis. Nous souffrons tous du même modèle de développement destructeur, par conséquent nous avons une cause commune. Et nous sommes unis pour dire ce que nous pensons. De retour chez moi, je dirai à mon peuple que nous ne sommes pas seuls dans notre lutte ”. [Peter Kitelo, Projet de développement des peuples autochtones de Chepkitale (CIPDP), Kenya]
Overview
- Resource Type:
- News
- Publication date:
- 23 July 2012
- Programmes:
- Global Finance
- Partners:
- Amerindian Peoples’ Association (APA) Fundación para la Promoción del Conocimiento Indígena (FPCI) Association of Indigenous Village Leaders in Suriname (VIDS) - Vereniging van Inheemse Dorpshoofden in Suriname Chepkitale Indigenous People Development Project (CIPDP)