Ouganda étude de cas : La faim et la pauvreté augmentent chez les Batwa dépossédés

Cet article fait partie d'une série sur les impacts de COVID-19 sur les peuples autochtones et tribaux. Le rapport complet, "Le COVID-19 et les peuples autochtones et tribaux : impacts et inégalités sous-jacentes" qui présente 10 études de cas, dont celle-ci, est disponible ici.
Par Marie Joyce Godio avec l’aide de Penninah Zaninkah et Aisha Nyiransenga
Batwa dans le sud-ouest de l’Ouganda en parcs nationaux en 1991, ceux-ci ont perdu l’accès aux forêts qui a abrité leur habitat pendant des millénaires. Dépossédés de leurs terres, la majorité des Batwa vivent aujourd’hui dans une extrême pauvreté. La situation les a rendus dépendants de l’aide du gouvernement et des ONG.
L’Organisation unie pour le développement des Batwa en Ouganda (UOBDU selon l’acronyme anglais) est une organisation batwa qui vise à soutenir leurs luttes pour la reconnaissance de leurs droits fonciers et la mise sur pied de moyens de subsistance alternatifs durables. L’UOBDU estime que l’aide alimentaire actuelle du programme de soutien apporté en temps de pandémie ne représente pas une approche durable, et qu’elle sera très probablement interrompue avant même la levée du confinement.
La plupart des Batwa dépendent d’une main-d’oeuvre bon marché pour survivre. Mais la mesure de confinement pour contenir la propagation de la COVID-19 a empêché les gens de sortir de chez eux pour trouver du travail, et les entreprises qui auraient normalement besoin de leur main-d’oeuvre sont également fermées.
Avant le confinement, les Batwa vendaient des bouteilles usagées sur le bord des routes, travaillaient comme potiers, nettoyaient et ramassaient les déchets autour des maisons et des hôtels. Leur source de revenus étant coupée, la faim constitue une préoccupation évidente, ne pouvant manger que lorsqu’ils ont travaillé. Même Nyiransenga Aisha, une Mutwa, qui occupe un travail plus stable en tant que préposée au bureau de l’UOBDU, trouve la situation difficile à surmonter. Bien qu’elle reçoive un salaire, son travail est devenu sporadique à cause du confinement et elle se retrouve souvent incapable de fournir de la nourriture à sa famille, parfois pendant deux jours. L’augmentation du prix des produits de base n’améliore pas la situation. Elle effectue des travaux de nettoyage pour obtenir un revenu supplémentaire.
L’agriculture aurait pu représenter une solution de subsistance, mais les Batwa ne possèdent que peu de terres ou aucune terre pour cultiver des aliments, pas même pour leur propre consommation. La pandémie a rendu la survie des Batwa très incertaine et précaire. La situation est particulièrement difficile pour les femmes et les filles batwa, [1] plus vulnérables à la violence domestique, notamment aux insultes, aux coups et au viol par leur propre mari, ainsi qu’aux menaces de viol et aux agressions sexuelles par des hommes non Batwa.
À cause de moyens de transport déficients, les Batwa ont un accès limité aux services médicaux. Ils vivent dans des régions très éloignées où ils doivent parcourir de longues distances à pied pour se faire soigner. Certains qui ne peuvent marcher restent chez eux sans attention médicale, remettant leur destin entre les mains de Dieu. Ils ont généralement très peu accès à l’information, encore moins en cette période de pandémie.
L’UOBDU sait que cela va prendre un certain temps avant que la société ne se stabilise et permette à nouveau aux Batwa de sortir librement et de chercher du travail. Les Batwa n’ont d’autres choix que de se préparer pour faire face à une exacerbation de la faim et de la pauvreté pendant la pandémie, et aux éventuelles conséquences à long terme de la difficile situation actuelle.
Ce que revendiquent les Batwa, essentiellement, ce sont des terres où habiter et se réinstaller.
« Depuis que nous avons été expulsés de nos forêts traditionnelles dans les années 1990 pour que soient créés des parcs nationaux, nous avons été marginalisés et dépossédés de terres où vivre. Nous voulons aussi à nouveau avoir accès à la forêt pour réaliser nos rites culturels »
affirment les représentants des communautés de cinq districts dans la déclaration qu’ils ont transmise au gouvernement en 2009, lui exigeant des terres pour la réinstallation. Mais depuis cette demande, on n’a octroyé aucune terre à la communauté batwa pour qu’elle puisse se réinstaller. Cela ne l’a pas découragée de déposer une requête devant la Cour constitutionnelle en 2013. L’affaire doit être entendue bientôt. Depuis le dépôt de la requête devant la cour, le gouvernement a multiplié les interventions et tente lentement d’impliquer les Batwa dans certaines d’entre elles, adoptant une attitude jamais vue auparavant.
Overview
- Resource Type:
- News
- Publication date:
- 17 December 2020
- Region:
- Uganda
- Programmes:
- Culture and Knowledge Territorial Governance Conservation and human rights
- Partners:
- United Organisation for Batwa Development in Uganda (UOBDU)