Thaïlande étude de cas: Les communautés autochtones des hauts plateaux et l’autosuffisance, la sécurité alimentaire et la tenure foncière pendant la pandemie

Cet article fait partie d'une série sur les impacts de COVID-19 sur les peuples autochtones et tribaux. Le rapport complet, "Le COVID-19 et les peuples autochtones et tribaux : impacts et inégalités sous-jacentes" qui présente 10 études de cas, dont celle-ci, est disponible ici.
Par Marie Joyce Godio, avec l’aide de Sakda Saenmi, Phnom Thano, Suphalak Musuloy, et Asian Indigenous Peoples Pact (AIPP)
À l’annonce d’un confinement obligatoire sur tout le territoire de la Thaïlande, le 26 mars 2020, les communautés des hauts plateaux étaient moins inquiètes que celles des zones urbaines. Selon l’Association intermontagnes pour l’éducation et la culture des peuples en Thaïlande (IMPECT selon l’acronyme anglais), [1] qui est une organisation autochtone basée dans la province de Chiang Mai qui travaille en étroite collaboration avec les communautés autochtones du nord de la Thaïlande, l’abondance de nourriture dans ces communautés a favorisé leur autosuffisance et leur a même permis de dégager des surplus qui pouvaient être partagés.
En collaboration avec les communautés, l’IMPECT a soutenu la coordination de campagnes d’aide alimentaire pour partager leurs réserves en dehors de leurs villages. Ils ont distribué dans les zones aussi bien rurales qu’urbaines du riz, des légumes, des aliments secs et des fruits cultivés sur leurs terres, notamment à Chiang Mai, Chiang Rai et Bangkok. Ils sont allés à la rencontre des personnes les plus durement touchées par le confinement, en particulier les autochtones qui avaient perdu leur emploi ou ne parvenaient pas à partir de la ville pour rentrer chez eux. L’IMPECT et le Réseau des médias autochtones (IMN selon l’acronyme anglais) ont également contribué à surveiller l’état de santé des personnes âgées des communautés Hmong, Lisu, Lwua/Lua et P’gakenyaw, entre autres.
De nombreuses communautés autochtones ont réalisé des rituels et des cérémonies pour atténuer l’anxiété provoquée par la crise. Ces coutumes ont contribué à apaiser leurs inquiétudes initiales quant aux risques accrus de propagation du virus causés par le retour de plusieurs de la ville. Elles étaient conscientes de l’inadéquation des installations pour accueillir les rapatriés durant la quarantaine obligatoire de 14 jours. Mais grâce au soutien des chefs de communauté et des bénévoles de santé du village, elles ont pu établir leurs propres zones de quarantaine stricte dans les champs, les vergers et la forêt. D’autres communautés ont choisi d’observer un confinement rigoureux en limitant le nombre de personnes autorisées à sortir et à entrer dans leur village, comme dans la communauté de P’gakenyaw [2].
Situé à une plus grande distance de la ville de Chiang Mai, Ban Mae Jok abrite une cinquantaine de foyers autochtones P’gakenyaw. La communauté est entourée d’une forêt dense et naturelle, et un ruisseau passe à travers leurs terrasses. La majorité des familles possèdent des rizières, tandis que certaines pratiquent la rotation des cultures.
Lors de la fermeture des écoles, Suphalak Musuloy (ou Ae Thoo), une élève de 11e année de la ville de Chiang Mai, est rentrée chez elle à Mae Jok. Elle connaît bien la richesse de son village et ne s’est pas sentie offusquée de voir la construction d’une barrière cadenassée à l’entrée du village. De mars à mai, personne n’était autorisé à quitter le village à moins que ce soit indispensable. Selon Suphalak,
« les villageois de Mae Jok n’ont pas à s’inquiéter pour la nourriture, ils peuvent en récolter en abondance dans la forêt ainsi que sur des terres plus éloignées. On retrouve sur le territoire différentes sortes de légumes, de pousses de bambou, de champignons et de fruits, y compris des poissons d’eau douce, des crustacés, des crabes et des crevettes ».
Les villageois de Mae Jok ont demandé en 2011 l’enregistrement des titres fonciers sur une superficie totale de 1 714 hectares, qui recoupent des terres agricoles, des zones de conservation et des forêts communautaires. Ils attendent toujours le résultat de leur demande, mais on a démontré qu’ils habitent la région depuis plus d’un siècle.
[2] imnvoices.com/the-forest-as-community-supermarket-for-karen-indigenous-peoples-in-thailand
Overview
- Resource Type:
- News
- Publication date:
- 17 December 2020
- Region:
- Thailand
- Programmes:
- Culture and Knowledge Territorial Governance Conservation and human rights
- Partners:
- Asia Indigenous Peoples Pact Foundation (AIPP)