Une conférence mondiale au Lac Toba, en Indonésie, met en exergue les multiples avantages de la cartographie communautaire pour les peuples autochtones
Cent dix représentants des peuples autochtones, des spécialistes en cartographie communautaire et des membres d’ONG de soutien et du milieu universitaire provenant de 17 pays d’Asie, d’Amérique latine, du Pacifique, d’Amérique du Nord et d’Europe se sont réunis du 25 au 28 août 2013 sur le territoire traditionnel des Batak au Lac Toba en Indonésie, afin de faire part et d’apprendre des différentes expériences dans le domaine de la cartographie participative communautaire comme instrument pour les aider à affirmer et revendiquer leurs droits aux terres, territoires et ressources.
La conférence fut suivie d’une visite de terrain à Pandumaan, une communauté dont le moyen de subsistance - fondé sur la récolte de la résine des styrax - a été gravement affecté par un différend foncier avec le producteur de pulpe PT Toba Pulp Lestari (consulter ce lien pour en savoir plus : http://phys.org/news/2013-08-indigenous-deploy-high-tech-mapmaking-staunch.html#jCp) et d’un atelier de trois jours sur les systèmes de suivi et d’information communautaires (CBMIS).
Pendant la conférence, les spécialistes de la cartographie communautaire ont fait part de leurs expériences acquises lors de projets de cartographie sur le terrain dans 12 pays et ont parlé des changements dans les pratiques de cartographie communautaire, de l’utilisation de nouveaux outils en cartographie, et des technologies de l’information et de la communication. Des discussions ont également eu lieu concernant les risques sous-jacents au partage des savoirs traditionnels avec différents systèmes juridiques et de connaissances, et la nécessité de lignes directrices éthiques concernant l’utilisation et la protection des savoirs traditionnels dans le domaine de la cartographie, du stockage des données et du partage d’informations.
Les participants ont convenu que les cartes peuvent être utilisées pour un vaste éventail d’objectifs, notamment :
- la délimitation et la démarcation des territoires et terres autochtones ;
- l’obtention de titres de propriété sur les terres et domaines ancestraux ;
- la réalisation du développement autodéterminé ;
- l’identification des différentes utilisations des terres et le suivi des changements d’utilisation des terres et des ressources ; la détermination de l’étendue de l’utilisation ou du déclin des savoirs traditionnels, des langues autochtones et de la gouvernance coutumière ;
- le suivi de l’intégrité de la biodiversité et des écosystèmes ;
- la résolution des conflits relatifs aux frontières et à l’eau et des différends fonciers ;
- l’élaboration de plans de gestion territoriale, et le plaidoyer en faveur de réformes des politiques.
La conférence a également souligné que la réalisation de cartes et les cartes constituent un moyen et non pas une fin, et ne peuvent être des instruments indépendants détachés des cadres culturels (notamment des visions du monde autochtones) et des objectifs et utilisations communautaires. La cartographie doit par conséquent être réalisée parallèlement à d’autres processus, par exemple l’organisation communautaire, les inventaires de ressources naturelles, la gestion et le suivi, le plaidoyer, et le développement autodéterminé durable des peuples autochtones. Il a également été souligné qu’il n’existe pas de modèle de technologie de cartographie, mais que le choix des technologies dépend de l’objectif, de l’environnement, des capacités disponibles et de la durabilité probable. Le Kit de formation à la pratique de la cartographie participative, réalisé par le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) et le Fonds international pour le développement agricole (FIDA), a été reconnu comme une base utile pour élaborer un trousse à outils pour les cartographes autochtones.
Les participants ont convenu de mettre sur pied un Réseau mondial de peuples autochtones sur la cartographie et le suivi et ont commencé à déterminer comment s’engager dans les processus internationaux concernés, notamment la Convention sur la diversité biologique, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, la Conférence mondiale sur les peuples autochtones, le programme pour le développement post-2015 et la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP).
La conférence est également intervenue, à travers la Déclaration de Toba, pour soutenir la demande des peuples autochtones d’Indonésie au gouvernement pour que des mesures immédiates soient prises afin de mettre en œuvre la décision n° 35/PUU-X/2012 de la Cour constitutionnelle au sujet de la reconnaissance des forêts coutumières, notamment au moyen d’une cartographie accélérée de ces forêts, et pour que le Parlement indonésien adopte sans délai la loi sur la reconnaissance et la protection des droits des peuples autochtones (Undang-Undang Pengakuan dan Perlindungan Hak-Hak Masyarakat Adat).
Pour plus d’informations :
- Indigenous communities deploy high-tech mapmaking to staunch global land grab (en anglais)
- Kit de formation à la gestion et à la communication participatives des informations spatiales
- Constitutional Court ruling restores indigenous peoples’ rights to their customary forests in Indonesia (en anglais)
Overview
- Resource Type:
- News
- Publication date:
- 1 October 2013
- Programmes:
- Territorial Governance