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Communiqué de presse : Îlots de nature – contributions des communautés autochtones et locales à la conservation de la biodiversité mondiale.

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Communiqué de presse : Îlots de nature – contributions des communautés autochtones et locales à la conservation de la biodiversité mondiale.

  • Le monde est confronté à des défis sans précédent du fait du déclin de la biodiversité et des changements climatiques et un million d’espèces sont menacées d’extinction.
  • Certaines des zones les plus riches en biodiversité dans le monde se trouvent sur les terres ancestrales des peuples autochtones et des communautés locales.
  • Plus d’un quart de la superficie terrestre mondiale est traditionnellement détenu, géré, exploité ou occupé par des peuples autochtones, et ce, depuis des millénaires.

En vue du Sommet des Nations Unies sur la biodiversité, plus de 50 auteur-e-s autochtones et communautaires ont contribué à un nouveau rapport, en apportant leurs points de vue sur ce qu’il faudrait faire pour inverser la courbe du déclin de la biodiversité et changer de cap. Ce rapport, la 2ème édition des Perspectives locales de la biodiversité (PLDB-2), est un document majeur de recherche et d’analyse collectives et sert de complément à la 5ème édition des Perspectives mondiales de la diversité biologique.

Elizabeth Maruma Mrema, secrétaire exécutive du Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, a déclaré :

 

« PLDB-2 incarne un sentiment optimiste qu’il est possible d’inverser la destruction de la nature et le déclin brutal de la biodiversité et de la diversité culturelle en préconisant les valeurs, et en mettant à profit les actions collectives et locales, des peuples autochtones et des communautés locales du monde entier. »

PLDB-2 évalue les progrès accomplis par rapport aux 20 Objectifs d’Aichi, qui exprimaient les ambitions mondiales entre 2011 et 2020. Le rapport établit que les contributions des peuples autochtones et des communautés locales ont trop souvent été négligées et exclues, entraînant une contre-performance mondiale dans la réalisation de la majorité de ces objectifs.

Dans une déclaration, le Forum international autochtone sur la biodiversité a affirmé que « pour inverser la courbe du déclin de la biodiversité, nous devons inverser la courbe de l’inégalité et assurer le partage équitable des bénéfices et des frais. Pour réaliser la vision à l’horizon 2050, il faut un changement de paradigme sur le plan des valeurs au  cœur de la société qui influencent les comportements en vue d’une transformation vers une société responsable et durable. »

Les auteur-e-s de cet ouvrage soutiennent que les objectifs mondiaux concernant la biodiversité devront à l’avenir intégrer le rôle primordial des peuples autochtones et des communautés locales dans la protection de la diversité biologique et culturelle.

Le Rapport d’évaluation de l’état de la biodiversité dans le monde du Groupe intergouvernemental sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) signalait que « la nature gérée par les peuples autochtones et les communautés locales subit une pression croissante, mais se dégrade moins rapidement que dans d’autres territoires ».

Ces « îlots » de grande diversité biologique et culturelle se trouvant sur les terres des peuples autochtones et des communautés locales sont entourés d’une résilience en baisse sur de vastes étendues de la terre. Cette différence de biodiversité est en corrélation directe avec les systèmes de valeurs qui déterminent la vision que les sociétés ont de la nature.

Lakpa Nuri Sherpa de l’Asia Indigenous Peoples Pact (AIPP) et membre du Forum international autochtone sur la biodiversité (FIAB) a déclaré.

 

« Les peuples autochtones ne considèrent pas la nature comme une entité distincte des humains. »

« Nous interagissons avec la nature tous les jours et nous réfléchissons bien à la manière dont nous gérons nos ressources – nous avons des rapports spirituels et sacrés avec nos ressources naturelles, ce qui signifie que nous devons gérer nos terres de façon durable pour pouvoir les transmettre à la génération suivante.

Pour cette raison, nous devons continuer à lutter pour les droits sur nos terres, territoires et ressources – si nous n’avons pas de droits, si on nous attaque, nous ne pouvons pas protéger nos forêts ;  ils prennent les ressources de nos terres, mais nous sommes attachés à ces terres.

Sans sécurité pour nos droits fonciers collectifs, la terre peut être exploitée, la nature en sort perdante et il n’y a rien à transmettre à la génération suivante », a-t-il affirmé.

Ce lien avec la sécurité foncière est en filigrane des conclusions des PLDB-2, mettant en évidence que la protection de la biodiversité à tous les échelons doit intégrer les territoires et les systèmes de gouvernance et de gestion propres aux peuples autochtones et aux communautés locales.

PLDB-2 dévoile des solutions locales aux enjeux mondiaux urgents, développées, mises en œuvre et soutenues par les peuples autochtones et les communautés.

Joji Carino (Philippines) de Forest Peoples Programme, représentante des Centres de distinction sur les connaissances autochtones et locales et membre du FIAB, a déclaré: 

 

« Les valeurs et les connaissances des peuples autochtones apportent des enseignements pour l’établissement de rapports réciproques entre les humains et la nature en pleine crise du déclin de la biodiversité et des changements climatiques. »

« La biodiversité a besoin des voix des peuples autochtones », a-t-elle dit.  « Mettre les cultures et les droits des peuples autochtones et des communautés locales au cœur de la stratégie pour la biodiversité à l’horizon 2050 se traduirait par des moyens de subsistance et un bien-être durables et des résultats positifs pour la biodiversté et le climat.    

PLDB-2 est lancé pendant d’importantes négociations en vue de l’adoption d’un cadre mondial de la biodiversité après 2020 et les conclusions présentées ici revêtent une importance fondamentale pour l’issue de ces négociations. Les auteur-e-s ont démontré à l’aide de cas bien fondés que la conservation et la régénération efficaces de notre monde naturel ne seront  possibles que grâce à une mosaïque de systèmes d’utilisation durable testés et éprouvés localement. Et cela contribue à la résilience lorsque les systèmes alimentaires locaux peuvent assurer une alimentation durable et nutritive à nos familles et à nos communautés dans les bons moments comme dans les mauvais.  Mais ces solutions nécessitent un soutien. 

« Pour que la vision à l’horizon 2050 se réalise, la contribution de tous les secteurs doit être prise en compte », a affirmé Ramiro Batzin, co-coordonnateur du FIAB. « Dans notre cas, elle doit correspondre aux cosmovisions autochtones qui mettent l’accent sur la relation intrinsèque entre les êtres humains et Mère nature et l’univers et sur le lien essentiel qui existe entre la nature et la culture. »

Contexte

La cinquième édition des Perspectives mondiales de la diversité biologique (PMDB-5), publiée par la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (CDB), offre un panorama fiable de l’état de la nature.  Il s’agit d’un bilan final des progrès accomplis par rapport aux 20 objectifs mondiaux sur la biodiversité adoptés en 2010 et ayant 2020 comme échéance, qui présente des enseignements pour en assurer la réalisation. 

Perspectives locales de la diversité biologique (PLDB-2) présente les points de vue et les expériences des peuples autochtones et des communautés locales concernant l’actuelle crise socio-écologique et leurs contributions à la mise en œuvre du Plan stratégique 2011-2020 pour la diversité bilogique et à la régénération de la nature et des cultures.  La première édition (PLDB-1) a été produite en 2016 en complément de la quatrième édition des Perspectives mondiales de la diversité biologique (PMDB-4) et est devenue une importante source d’information concernant les actions et les contributions des peuples autochtones et des communautés locales pour la réalisation des objectifs de la Convention sur la diversité biologique.

Faisant suite à la publication de la première évaluation mondiale de la nature et de la biodiversité en 2019, qui signalait que les terres des peuples autochtones et des communautés locales étaient des « îlots de nature dans une mer de déclin », cet ouvrage indique les raisons de ce ralentissement des taux de déclin et apporte d’excellentes recommandations quant aux moyens à prendre pour soutenir ces efforts locaux et repenser nos rapports avec notre planète.

La 2ème édition des Perspectives locales de la biodiversité traite également d’une transformation vers des relations plus réciproques et plus équilibrées entre les humains et la nature.  Soulignant 6 grandes transitions servant de base à une telle démarche, le rapport présente des mesures concrètes et réelles qui peuvent être prises pour réaliser les objectifs sur la biodiversité et nos engagements mondiaux concernant les changements climatiques et le développement durable.

Note pour les médias

Les panélistes et spécialistes de cette session sont disponibles pour un entretien.  Des images sont disponibles sur demande.  Veuillez communiquer avec :

  • Tom Dixon, responsable des communications, Forest Peoples Programme. [email protected] +44 7876 397915

Vous trouverez de plus amples informations sur : www.localbiodiversityoutlooks.net. La publication est sous embargo jusqu’au 15 septembre 19:00 GMT -4 (Montréal) | 16 septembre 00.01 GMT +1 (Londres).

Nous tiendrons, le 23 septembre, un point de presse complet sur PLDB-2, où les auteur-e-s et les spécialistes y ayant contribué pourront offrir leurs commentaires. Cliquez ici pour vous inscrire au point de presse.

Autres citations possibles

Cristina Coc, Autochtone Q’eqchi, Maya Leaders Alliance

 « La valeur accordée aux ressources naturelles par l’État et les entreprises est une valeur en dollars. Pour nous, c’est différent.  Mère nature est plus qu’une valeur en dollars.  C’est une partie de qui nous sommes. »

John Mohawk, Professeur autochtone d’Amérique du Nord

 « Les peuples autochtones sont ici pour continuer à faire de la survie un objectif plausible. La subsistance est un rapport moral avec la nature.  À plusieurs égards, c’est le rapport des peuples autochones à la terre qui représente le seul véritable espoir pour la survie des populations  à long terme à quelque niveau que ce soit dans le monde. La subsistance, ça veut dire qu’il y a une forêt ici aujourd’hui et qu’on trouve un moyen de gagner sa vie ici. Et demain, il y aura encore une forêt ici. C’est cela, la subsistance. » 

Nailepu Naiguta, Guérisseuse maasai du groupe de femmes Ololulunga de Paran, Narok, Kenya

« Les femmes autochtones sont les gardiennes de nos ressources naturelles. En tant que guérisseuse, je dois aller loin pour chercher des plantes médicinales ; nous n’avons même plus de forêt près de chez nous. Je pense même créer une petite forêt chez moi.  Je suis contente que nous, femmes autochtones, travaillons ensemble pour partager des connaissances et avoir ces plantes juste à côté de nos potagers.  Nous avons fait un premier pas.  Il faut que vous travailliez tous avec nous et nous avec vous. »

Chef Howard Thompson, Haudenosaunee

« Je veux être un bon ancêtre.  Les engagements des peuples autochtones en matière d’action climatique garantissent que nous pensons aux sept générations à venir. »

Jon Waterhouse, Spécialiste des peuples autochtones à l’Université de la santé et des sciences de l'Oregon et chercheur et explorateur émérite pour National Geographic Education

« Les peuples autochtones maîtrisent l’art de vivre sur la terre sans la détruire.  Ils continuent à enseigner et à donner l’exemple, depuis la régénération de la zostère et du saumon par la Nation Samish jusqu’à la réintroduction du bison par la Nation Kainai de la confédération Blackfoot, en passant par la régénération des étangs traditionnels hawaïens vieux de 800 ans. Nous devons tenir compte de ces enseignements et assumer cette tâche difficile si nous voulons assurer un avenir à nos enfants.

Raoni Metuktire

Environnementaliste et chef du peuple autochtone brésilien kayapó

« Pourquoi faites-vous cela ? Vous dites que c’est pour le développement – mais quel genre de développement enlève la richesse de la forêt et la remplace par une seule sorte de plante ou une seule sorte d’animal ? Là où les esprits nous ont déjà donné tout ce qu’il nous fallait pour avoir une vie heureuse – toute notre nourriture, nos maisons, nos médicaments – il n’y a maintenant que du soja ou du bétail. C’est pour qui, ce développement ? 

Overview

Resource Type:
Press Releases
Publication date:
16 September 2020
Region:
Madagascar Tuvalu
Programmes:
Culture and Knowledge Conservation and human rights

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