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L’UE suspend ses financements au gouvernement du Kenya suite à des violations des droits humains des autochtones

17 janvier 2018. L’Union européenne a suspendu un projet de plusieurs millions d’euros compte tenu des preuves de plus en plus nombreuses que ses fonds étaient utilisés pour perpétrer des violations violentes des droits humains.

La nouvelle est tombée moins de 24 heures après que des gardes travaillant pour les services forestiers du Kenya (Kenya Forestry Service), financés par l’Union européenne, ont lancé un raid dans la forêt d’Embobut, où vit le peuple autochtone sengwer, lors duquel des tirs ont entraîné le décès de Robert Kirotich, 41 ans, et blessé une autre personne.

L’Ambassadeur de l’UE au Kenya, Stefano A. Dejak, a condamné les faits, et déclaré : « La fusillade d’hier a eu lieu après que nous avions formellement alerté le gouvernement du Kenya sur le fait que l’utilisation de la force par les gardes des services forestiers du Kenya dans la forêt d’Embobut ou ailleurs contre des habitants innocents entraînerait la suspension de l’aide financière de l’UE au travail de conservation sur les châteaux d’eau du pays. Par conséquent, nous suspendons désormais l’aide au Programme de châteaux d’eau avec le gouvernement du Kenya ».

En réponse à la nouvelle, Elias Kimaiyo, des Sengwer, a déclaré : « Ceci est le début d’une première étape dans la lutte pour nos droits fonciers. S’ils nous avaient écoutés (et cela fait longtemps que nous crions), cela ne se serait pas produit, et les fonds auraient pu être utilisés de manière constructive en faveur de la conservation au lieu d’être utilisés de manière violente pour commettre des violations des droits humains. Il semble que Robert Kirotich a dû être sacrifié pour que ces gens écoutent.

« Qu’ils suspendent cet argent est une bonne nouvelle, mais ce qui compte vraiment c’est qu’ils s’assoient à la table des discussions et nous écoutent, et que nous travaillions ensemble, puisque nous vivons pacifiquement sur nos terres, afin de s’assurer que nos droits humains soient respectés et qu’ils nous laissent conserver nos terres selon les coutumes que nous connaissons bien, avec l’appui du gouvernement, des Européens, et de tout autre organisme de conservation, pour autant que nos droits de propriété foncière soient reconnus ».

En début de semaine, trois Rapporteurs spéciaux des Nations Unies ont écrit à l’UE, l’exhortant à suspendre ses financements au projet WaTER, face aux préoccupations concernant des violations récurrentes des droits humains.

Le Dr Justin Kenrick, conseiller politique senior au Forest Peoples Programme, a travaillé aux côtés des Sengwer sur les questions relatives à leurs droits fonciers. S’exprimant depuis le Kenya, il a déclaré : « Nous saluons le fait que l’UE a suspendu le projet WaTER, mais à moins qu’elle n’agisse rapidement pour mettre fin aux expulsions et à la violence, et pour persuader le Ministère d’adopter une approche fondée sur les droits, elle ne fera simplement qu’éviter ses responsabilités, au lieu d’assumer pleinement ses responsabilités pour les préjudices qu’elle a financés.

« Les Sengwer appellent à la cessation immédiate de ces violations des droits humains, et pour qu’une réunion d’experts soit convoquée de toute urgence à Nairobi afin d’établir une feuille de route claire pour changer la politique du Ministère afin qu’il abandonne cette approche obsolète, violente et contre-productive, et adopte des méthodes de conservation modernes qui reconnaissent les droits des Sengwer.

« Une approche moderne fondée sur les droits protégerait les droits des communautés, et permettrait aux institutions étatiques d’épauler la communauté dans la protection de ses forêts. Elle permettrait par ailleurs au Ministère de continuer à recevoir des fonds substantiels au lieu d’effrayer ses partenaires de développement. »

« Les Sengwer d’Embobut souhaitent seulement vivre en paix, et avoir le droit de pratiquer leur mode de vie, un mode de vie qui protège efficacement leurs forêts. Nous devons de toute urgence changer le bilan terrible des financements des partenaires de développement en faveur d’une approche engagée contre les violations des droits humains. En mai 2017, une décision de la Cour africaine indiquait que les Ogiek de Mau avaient été injustement expulsés, et l’appel des Rapporteurs spéciaux en faveur d’une approche qui respecte les droits humains a contribué aux efforts sans relâche et au courage des communautés qui cherchent à garantir leurs droits humains et à protéger leurs forêts ».

Fin

Remarques

Le projet de protection des châteaux d’eau et d’atténuation et d’adaptation au changement climatique financé par l’UE (Water Towers Protection and Climate Change Mitigation and Adaptation - WaTER) a été lancé en 2016 et devait se poursuivre jusqu’en 2020, pour un coût de 31 millions d’euros.

Cette semaine, John H. Knox, Rapporteur spécial sur la question des obligations relatives aux droits de l’homme se rapportant aux moyens de bénéficier d’un environnement sûr, propre, sain et durable, Michel Forst, Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, et Victoria Tauli-Corpuz, Rapporteuse spéciale sur les droits des peuples autochtones, ont déclaré conjointement : « Nous appelons les autorités kényanes à mettre un terme de toute urgence aux expulsions de la communauté sengwer et à mener des enquêtes impartiales concernant ces attaques. De plus, nous exhortons l’Union européenne à suspendre ses financements au projet jusqu’à ce que des mesures soient prises pour faire respecter les normes internationales relatives aux droits des peuples autochtones ».

Contacts

For more information, contact

Nadia Stone, Forest Peoples Programme: nstone@forestpeoples.org

Justin Kenrick, Forest Peoples Programme: justin@forestpeoples.org

 

Overview

Resource Type:
Press Releases
Publication date:
17 January 2018
Region:
Kenya
Programmes:
Access to Justice Conservation and human rights

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