Peuples autochtones et défenseurs de la forêt bravent les meurtres et les intimidations pour exhorter les gouvernements européens à respecter leurs engagements en matière de droits humains et lutter contre la déforestation due aux matières premières
Des dirigeants autochtones et des défenseurs des droits humains de quatre pays abritant des forêts tropicales se rendent à Paris pour appeler instamment à agir contre la déforestation et les violations des droits humains lors de la réunion multipartite du 27 juin du Partenariat des Déclarations d’Amsterdam consacrée aux matières premières durables exemptes de déforestation, qui a mis l’accent sur les principaux facteurs du problème. Six États membres de l’Union européenne et la Norvège se sont engagés à collaborer avec des entreprises afin d’éliminer la déforestation de leurs chaînes d’approvisionnement de matières premières agricoles d’ici 2020. Alors que l’échéance de cet objectif pour un commerce exempt de déforestation s’approche, des pays européens continuent d’importer de l’huile de palme et d’autres matières premières agricoles qui ont des effets néfastes sur les forêts et les peuples des forêts. Des représentants autochtones et des communautés forestières sont à Paris pour appeler à une action immédiate.
Parmi les délégués se rendant à Paris figure un défenseur des droits humains de Colombie, Ramón Bedoya, dont le père a été tué alors qu’il défendait les terres ancestrales de sa communauté dans la zone de biodiversité de Mi Terra.
Franky Samperante d’Indonésie, où les communautés souffrent des conflits fonciers, de la violence et des intimidations aux mains des entreprises des secteurs de l’huile de palme, de la pâte à papier et de l’exploitation forestière, explique :
« Les entreprises forestières et les plantations en Indonésie continuent de démolir, d’expulser et de détruire nos forêts et nos forêts agricoles. Les communautés ont perdu et continuent de perdre leurs moyens de subsistance. Elles ont maintenant des difficultés à trouver des sources de nourriture acceptables. Leurs savoirs autochtones sont menacés et elles souffrent de malnutrition et de problèmes de santé. Des mesures doivent être prises pour mettre fin aux violations des droits et au défrichement des forêts ».
QUI : Jean-Marie Nkanda de la République démocratique du Congo, Wilhemina Beyan du Liberia, James Otto du Liberia, Franky Samperante d’Indonésie et Ramón Bedoya de Colombie. Lire les biographies succinctes ci-dessous.
LES ENJEUX : les communautés autochtones et forestières à travers le monde perdent leurs vies, leurs terres et leurs moyens de subsistance à cause du commerce mondial de produits agricoles et d’autres matières premières qui génèrent des conflits. La semaine prochaine, des représentants de peuples autochtones et de communautés se rendront à Paris afin de présenter les mesures cruciales nécessaires à la réforme des chaînes mondiales d’approvisionnement, pour garantir le respect de leurs terres, forêts et droits humains.
Leur message est prononcé sous la présidence française des Déclarations d’Amsterdam, lors de laquelle les pays signataires discuteront des progrès accomplis dans la lutte contre la déforestation. Les Déclarations, signées en 2015, engagent les signataires à supprimer les produits agricoles qui favorisent la déforestation des chaînes d’approvisionnement. Les pays signataires sont le Royaume-Uni, la France, le Danemark, la Norvège, l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie.
La demande croissante de matières premières telles que le bœuf, le soja, l’huile de palme, le bois, la pâte à papier, le caoutchouc, les biocarburants et les matières minérales favorise l’accélération de la déforestation dans les pays forestiers tropicaux, malgré les promesses pour parvenir à une déforestation nulle d’ici 2020. La déforestation est souvent accompagnée de violations des droits humains, du vol de terres et de dommages aux moyens de subsistance des peuples des forêts, ainsi que d’une destruction des habitats et de dommages au climat de la planète.
L’Europe est l’un des grands importateurs de matières premières liées à la déforestation, qui entrent souvent dans la composition de produits tels que shampoings, céréales, aliments pour animaux et chocolat. Rien qu’entre 1990 et 2008, les importations des 27 États membres de l’UE représentaient 10 % de la déforestation mondiale. Les mesures de protection et cadres existants ont été insuffisants pour protéger les communautés autochtones et forestières qui reprennent le contrôle de leurs territoires et résistent aux incursions des entreprises qui défrichent les terres et se les accaparent pour en tirer des matières premières.
CONTACTS :
Les Amis de la Terre, France : Sylvain Angerand +33 7 51 69 78 81
Forest Peoples Programme, Royaume-Uni : Tom Griffiths +44 7889 343380
Both ENDS, Pays-Bas : Michael Rice +31 6 3987 8462
Pour un entretien avec les délégués, veuillez contacter les personnes indiquées ci-dessus.
BIOGRAPHIES:
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO : M. Jean-Marie Nkanda
Jean-Marie Nkanda est Responsable de programme chargé de la gouvernance forestière, son activité est centrée sur l’élaboration d’approches participatives à l’exploitation forestière communautaire afin de s’attaquer aux facteurs de déforestation, ainsi que sur l’élaboration de systèmes de suivi et de contrôle communautaires pour la promotion et la défense des droits communautaires. Il est actuellement coordonnateur par intérim du Réseau Ressources Naturelles, une organisation de plaidoyer qui défend les droits et les intérêts des communautés locales et des peuples autochtones dans la gestion des ressources naturelles.
LIBERIA : Mme Wilhemina B. O. Beyan
Wilhemina Boahemaa Owusu Beyan est Directrice des programmes auprès de Social Entrepreneurs for Sustainable Development (SESDev) au Liberia. Elle travaille depuis 13 ans dans le secteur des ONG. Son travail se concentre sur la gestion et la gouvernance des ressources naturelles, et en particulier sur le renforcement des capacités des communautés des forêts et des autres communautés locales afin de leur permettre de protéger et garantir leurs droits dans les concessions (exploitation minière, exploitation forestière et agro-industrie). Actuellement, elle conçoit et met en œuvre des programmes d’appui aux modèles de développement qui promeuvent la justice sociale, économique et environnementale, en particulier pour les personnes les plus marginalisées et affectées par les processus actuels de développement, comme l’exploitation forestière, les plantations pratiquant la monoculture et l’extraction minière.
LIBERIA : M. James Otto
James coordonne le programme Droits communautaires et gouvernance des entreprises auprès du Sustainable Development Institute (SDI), qui vise à créer un espace pour la participation des communautés locales aux prises de décisions sur les ressources naturelles. Il a travaillé pendant plus de dix ans sur la gestion et la gouvernance des ressources naturelles au Liberia, et a établi des partenariats avec des communautés dans tout le pays sur des questions liées à l’exploitation forestière, au régime foncier et aux entreprises. SDI s’attelle actuellement à recenser les violations des droits humains et les activités de déforestation liées à l’expansion du palmier à huile, et fait activement campagne pour la promulgation d’une loi progressiste en matière de droits fonciers.
INDONÉSIE : M. Franky Samperante
M. Franky Samperante est un représentant autochtone de Sulawesi, fondateur et directeur de l’organisation de peuples autochtones Pusaka, qui apporte un soutien aux communautés autochtones du Kalimantan central, en Indonésie. En 2014, Pusaka a publié une carte détaillant les accaparements de terre liés à l’huile de palme sur de grandes superficies des terres des peuples autochtones en Papouasie et en Papouasie occidentale.
MALAISIE : Dr Lanash Thanda
Organisation : SEPA (Sabah Environmental Protection Association) Présidente (de 2013 à ce jour). Lanash travaille sur des problèmes sociaux et environnementaux depuis 17 ans. Elle a étudié le droit au Royaume-Uni et est spécialisée dans les lois en matière d’environnement et de planification et les droits humains. Elle remplit actuellement son troisième mandat de Présidente de SEPA. SEPA est une ONG locale de bénévoles, qui travaille en étroite collaboration avec des communautés, des groupes et des personnes affectées par le développement non durable. L’objectif principal de SEPA pour Sabah est d’instaurer la justice du développement et de garantir que le développement durable soit réalisé conformément à l’engagement de la Malaisie dans le cadre de traités internationaux.
COLOMBIE : M. Ramón Bedoya – informations disponibles sur demande (pour des raisons de sécurité)
Remarques
La conférence de presse a été organisée par Friends of the Earth France, Forest Peoples Programme, Rainforest Foundation Norvège et Fern, en partenariat avec Pusaka, Sustainable Development Institute et Réseau Ressources Naturelles.
Overview
- Resource Type:
- Press Releases
- Publication date:
- 25 June 2018
- Programmes:
- Access to Justice Climate and forest policy and finance Global Finance