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FPP Bulletin d'Information Juillet 2012 (PDF Version)

Contient l’actualité et l’analyse de Rio+20

Chers amis,

Nous vivons dans un monde profondément divisé où les inégalités croissantes, la croissance démographique, associée à des attentes et à des demandes plus intenses en termes de mode de vie, sont en conflit avec des ressources finies et en voie d’appauvrissement. Il y a vingt ans, lors du premier Sommet de Rio, il avait été convenu qu’une transition vers le « développement durable » était requise de toute urgence. Examinant les résultats du deuxième Sommet de Rio (« Rio+20 »), qui s’est tenu le mois dernier, la plupart des commentateurs s’accordent à dire que les gouvernements n’ont pas réalisé les changements promis. À certains égards, le monde a régressé, le message du « développement durable » ayant été remplacé par l’obsession grandissante de la « croissance soutenue ».

Du point de vue du Forest Peoples Programme, l’aspect le plus décevant de « Rio+20 » est que, bien que le communiqué final du sommet mentionne l’importance des droits humains, il ne fait rien pour modifier la façon dont les décisions en matière de développement sont prises. Alors que l’un des messages clé du Rapport Brundtland de 1996 était que « les communautés locales et les peuples autochtones doivent avoir une voix décisive quant à l’utilisation des ressources de leurs régions », l’accent de Rio+20 a été mis sur une « économie verte » dominée par les intérêts commerciaux et le système du marché. Ceci est particulièrement décevant au vu d’une importante déclaration préparatoire de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, qui soulignait que le respect des droits des peuples et des femmes autochtones est nécessaire pour que le développement soit durable. Notre future trousse d’information sur les droits des femmes autochtones dans le système interaméricain des droits humains va dans le même sens. 

Notre personnel et nos partenaires qui rendent compte de leurs expériences à Rio se font l’écho de ces conclusions. Le communiqué final ne mentionne pas le « consentement libre, préalable et éclairé » (FPIC), peu d’importance a été accordée aux droits des femmes, et la participation à l’ensemble du processus a été faible. En revanche, les réunions des peuples autochtones ont été animées et inclusives, et ont souligné une vision alternative du développement autodéterminé qui reconnaît l’importance d’intégrer la culture, les valeurs sociales en général, et les approches fondées sur les droits en matière de politiques pour l’environnement et le développement. Au vu du fait que, comme le montre une nouvelle étude du FPP, les moyens de subsistance d’environ 1,3 milliard de personnes dépendent des forêts pour les besoins quotidiens, l’examen limité de la question des forêts lors du sommet est particulièrement inquiétant.

Le fossé entre la rhétorique de « l’économie verte » et la réalité sur le terrain est plus marqué encore si l’on examine ce qui se passe dans le bassin amazonien. Dans le pays hôte, le Brésil, de nouvelles lois et politiques menacent de saper les droits des peuples autochtones et de les exposer à l’accaparement de leurs terres ainsi qu’à l’exploitation minière. Pendant ce temps, au Pérou voisin, l’obligation du gouvernement de promouvoir son économie non renouvelable fondée sur l’extraction des ressources et le pétrole l’a conduit à négliger ses propres lois protégeant les peuples isolés dans des réserves spéciales reculées, bien que l’on sache que ces peuples sont vulnérables et proches de l’extermination à cause de l’introduction de maladies.

Toutefois, le verre n’est pas qu’à moitié vide. Des avancées importantes sont accomplies en faveur de modèles décisionnels plus inclusifs. Lors d’un dialogue multipartite organisé par The Forests Dialogue, le Ministère de l’environnement a engagé la République démocratique du Congo à respecter le FPIC dans son programme sur le climat et les forêts, un engagement qui contraste avec l’expérience des organisations de la société civile dans le cadre du processus REDD actuel du pays, que certains acteurs ont décidé d’abandonner en signe de protestation contre la faible participation. Espérons en outre que l’engagement formel du gouvernement du Royaume-Uni en faveur de consultations ouvertes pour mettre en place son nouveau Fonds international du Royaume-Uni pour le climat, d’une valeur de 2,9 milliards de livres sterling, permettra véritablement aux peuples de la forêt de reprendre le contrôle de leurs forêts.

À l’avenir, une action corrective urgente devra être la prise de responsabilités des institutions financières internationales envers ceux qui sont le plus affectés par leurs investissements. Le nouveau Président de la Banque mondiale doit tenir compte de l’appel de 98 organisations de peuples autochtones en faveur de la garantie et du respect effectifs de leurs droits dans les révisions prochaines des politiques de la Banque mondiale.  

Marcus Colchester, Directeur

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