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Les questions relatives au rôle des marchés du carbone et de la biodiversité (parfois désignés par le terme générique « marchés de la nature ») dans la lutte contre les crises du climat et de la nature font considérablement débat au sein, mais aussi au-delà des négociations intergouvernementales sur le climat et la biodiversité. 

Ces débats abordent de nombreux points de controverse : la légitimité (ou pas) concernant le fait de permettre aux pays du Nord et aux grandes entreprises d’acheter leur porte de sortie pour ne pas avoir à agir en faveur du climat et de la biodiversité dans leurs propres pays et chaînes de valeurs (la prétendue « compensation ») ; dans quelle mesure, le cas échéant, de tels marchés sont/seront en mesure d’entraîner en pratique la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et la réduction du déclin de la biodiversité à l’échelle mondiale ; et comment veiller à ce que ces marchés ne portent pas atteinte aux droits des peuples et des communautés dont les terres coutumières sont dans le viseur des projets ayant pour objectif de générer des crédits carbone et des crédits biodiversité. 

En quoi cela concerne-t-il les peuples autochtones et les peuples de la forêt ? 

Sans une protection rigoureuse des droits des peuples autochtones et des peuples de la forêt, les marchés du carbone et de la biodiversité présentent un risque élevé de hausse des expropriations ainsi que des enclavements de terrains et de forêts au nom des projets et des compensations pour le climat et la conservation. Bon nombre de peuples autochtones et de peuples de la forêt ont signalé l’absence de processus effectifs de consultation et de consentement libre, informé et préalable (CLIP), ce qui a dans certains cas entraîné des dépossessions et des expulsions de leurs terres ancestrales en vue de développer des projets et programmes de crédits carbone. Les peuples autochtones et les peuples de la forêt, mais aussi leurs communautés et organisations représentantes, élaborent diverses approches pour répondre à cette réalité. Certaines de ces approches rejettent complètement l’existence de marchés de la nature, estimant qu’ils sont incompatibles avec leurs cosmologies. D’autres s’inspirent des procédures de normalisation au titre de l’Article 6 de l’Accord de Paris ainsi que des initiatives volontaires liées aux marchés du carbone afin d’intégrer la protection efficace des droits fondamentaux dans les textes et la mise en œuvre des systèmes réglementaires fragmentés. Enfin, d’autres approches plus proactives visent à développer leurs propres modèles pour protéger les territoires et les forêts tout en cherchant à obtenir des financements de la part des acteurs du secteur public et privé par l'intermédiaire des marchés.