Colombie
La Colombie est un pays à forte diversité culturelle et biologique. Pas moins de 5 millions d’habitants sur les 53 millions que compte le pays s’auto-identifient comme autochtones, 10 % de la population nationale est d’ascendance africaine et beaucoup de communautés rurales et urbaines ont des origines ethniques mixtes. La diversité linguistique y est particulièrement élevée avec 100 langues différentes parlées, y compris 51 langues autochtones dans la région de l’Amazonie colombienne.
La Colombie est reconnue comme un pays à « méga-biodiversité » pour ses multiples paysages et géologies qui soutiennent plus de 300 types d’écosystèmes distincts abritant 10 % de la biodiversité mondiale.
Situation actuelle
La législation colombienne protégeant les droits de l’homme est en théorie efficace, mais elle n’est pas toujours transposée en mesures concrètes de protection sur le terrain. Le gouvernement a ratifié la plupart des traités relatifs aux droits de l’homme et à l’environnement, et il dispose par ailleurs d'un cadre constitutionnel national qui reconnaît que le pays est pluriculturel et plurijuridictionnel. Or, en pratique, ces normes sont souvent peu, voire pas appliquées.
En parallèle, des conflits armés subsistent dans beaucoup de régions en dépit de la signature en 2016 d’un Accord de paix entre le gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Dans les régions subissant des violences et des conflits, les territoires des peuples autochtones et des communautés d’ascendance africaine sont affectés de façon disproportionnée par la présence des groupes armés illégaux composés de dissidents, mais aussi par les mafias et les cartels impliqués dans la production et le trafic illégal de drogues.
Les détenteurs de droits et leurs territoires sont menacés
En 2023, la Colombie a (une nouvelle fois) été classée comme pays le plus dangereux au monde pour les défenseurs des droits fonciers et humains. Les leaders communautaires autochtones, noirs et les petits paysans qui luttent contre les violations des droits par les entreprises et les dommages causés par les secteurs de l’exploitation minière, de l'énergie, de l’agroalimentaire et des infrastructures sont confrontés à des violences, des menaces de mort et leur criminalisation de la part d’entreprises, de groupes paramilitaires et d’autres groupes armés.
L’intégrité territoriale et culturelle des peuples autochtones est menacée dans beaucoup de régions du pays en raison de l’expansion des secteurs extractifs et agroalimentaires, souvent rendue possible par l’accaparement des terres et les marchés fonciers illégaux autorisés par des organismes publics et des notaires corrompus.
Viciés, les règlements relatifs aux agréments environnementaux ont en outre tendance à « invisibiliser » les communautés autochtones et d’ascendance africaine afin d’accélérer les procédures de changement d'utilisation des terres et de sécuriser les investissements directs étrangers. Pour cela, ils contournent le déclenchement des exigences légales en matière de consultation et de consentement libre, informé et préalable (CLIP) ainsi que la réalisation des évaluations des impacts sociaux et environnementaux.
En 2025, les pressions exercées sur les territoires autochtones par les industries minières ne font que croître, même si la Colombie s'est engagée à éliminer l’utilisation des hydrocarbures dans le cadre de ses objectifs « Zéro émission nette » de gaz à effet de serre ainsi qu’en vertu des politiques publiques adoptées récemment sur la transition énergétique juste.
L’État incite à l’accélération de l’exploitation des ressources minérales nécessaires à la transition énergétique et des mégaprojets d’infrastructure ainsi qu’à l’ouverture des frontières reculées pour la monoculture à grande échelle. Dans la forêt amazonienne, la déforestation se poursuit à cause de la spéculation foncière et des élevages de bétail qui se rapprochent de plus en plus des territoires autochtones intacts. En parallèle, les nouveaux mécanismes de financement et marchés de la nature prospèrent en Colombie, avec des conséquences positives et négatives pour les communautés des peuples de la forêt.
Dans de nombreux cas, les peuples autochtones et propriétaires fonciers coutumiers sont submergés par une vague d’acronymes et estiment trop souvent qu’il est difficile d’accéder à des informations claires sur les politiques environnementales, les marchés de la nature ainsi que les programmes et financements pour le climat qui affectent leurs territoires.
Des solutions locales
Pour faire face à ces défis, les peuples autochtones et peuples de la forêt de Colombie se sont organisés avec pour objectif de défendre leurs territoires et d’exiger le plein respect de leurs droits fondamentaux par le biais de structures organisationnelles sophistiquées à l’échelle nationale, infranationale et territoriale. Les organisations des détenteurs de droits s’appuient sur des actions légales nationales et internationales pour revendiquer leurs droits, ce qui conduit progressivement à des décisions de justice en leur faveur. Beaucoup de peuples ont pour priorité de pousser le gouvernement et les autres acteurs concernés à respecter leurs obligations vis-à-vis des décisions de justice adoptées qui garantissent les droits à des territoires et à l’autodétermination.
À travers tout le pays, des mouvements autochtones et sociaux s’efforcent de bâtir une résilience culturelle, d’établir des structures efficaces d’autogouvernance ainsi que de développer les aptitudes de la jeunesse en vue de réparer les injustices passées et présentes. Malgré les obstacles à leur participation effective, les peuples de la forêt continuent de lutter pour tirer parti des nouvelles opportunités locales et mondiales afin de progresser vers leur développement durable autodéterminé.
Partenaires locaux et collaboration avec le FPP
Le programme du FPP en Colombie a pour objectif de mettre en place des actions de solidarité pour aider les peuples de la forêt dans leurs luttes à l’échelle locale. Pour ce faire, nous proposons un accompagnement technique et juridique permettant de faciliter les initiatives locales des peuples de la forêt en vue de réaliser leurs droits à disposer d’eux-mêmes, à accéder à la justice et à opérer une transition juste vers des économies durables, saines et agroécologiques.
À cette fin, le FPP aide les communautés dans leurs actions autodéterminées visant à obtenir la restitution de leurs terres, à délimiter les frontières de leurs propres terres, à obtenir des titres fonciers pour leurs terres traditionnelles, à rétablir leurs pratiques culturelles, à se réapproprier leurs savoirs traditionnels et à promouvoir leurs langues natales. Le FPP applique une approche dite « ascendante » qui cherche à accompagner les communautés dans leurs efforts pour faire valoir leurs propres propositions relatives à la conservation et l’utilisation durable de la forêt ainsi qu’à la protection et la transmission de leur héritage culturel vivant.
- Au niveau national, le FPP travaille en partenariat avec la Commission nationale pour les territoires autochtones sur diverses questions, y compris les droits territoriaux, le suivi de l’environnement par les peuples autochtones et la conservation communautaire.
- Au niveau local, les travaux collaboratifs du FPP avec les détenteurs de droits concernent aussi les initiatives de restauration de la forêt, notamment en soutien des initiatives de reboisement lancées par le peuple des Emberá-Chamí vivant dans la Réserve autochtone de Cañamomo Loma Prieta datant de l’époque coloniale, dans la région de Caldas.
- Dans la région amazonienne, le FPP dispose d'un programme de longue durée visant à accompagner le renforcement institutionnel et la gouvernance territoriale du peuple du Centre allié aux autorités traditionnelles et au Conseil autochtone régional de l’Amazonie centrale.
- À Putumayo, le FPP travaille avec les ONG colombiennes pour apporter un appui aux Conseils autochtones ainsi qu’aux réserves paysannes affectées par les industries extractives.
- Au nord du Cauca, le FPP est un allié de longue date du Palenke Alto Cauca (PAC) et de la Guardia Cimarrona, les aidant à organiser des activités collectives d’autoprotection ainsi qu’à rétablir leurs savoirs agroécologiques traditionnels.
- À Montes de María, le FPP a noué des partenariats avec des défenseurs des droits de l’homme, des femmes et des jeunes au sein des communautés noires et paysannes.
- L’accompagnement des Processus de la communauté noire (PCN) pour lutter contre les comportements préjudiciables des entreprises fait partie des actions de solidarité menées avec les peuples d’ascendance africaine.
Étroitement lié à plusieurs réseaux de la société civile en Colombie, le FPP organise des campagnes de plaidoyer et des formations communautaires avec les ONG nationales, y compris Indepaz, Dejusticia et la Commission interecclésiastique Paix et Justice.







